Hymne à l'honneur du jeune Barra

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Quatrains d'alexandrins en rimes croisées

Mots-clés

Paratexte

Texte

Chantons d'un jeune enfant l'immortelle action ;
Fils tendre et généreux il soulagea sa mère,
Il périt en héros pour le bien de la terre,
Et mort, il sert d'exemple à toute la nation.

Tandis que des brigands la horde mercenaire
Se rend par ses excès l'horreur de l'univers,
Les François réprimant leur rage sanguinaire
Les accablent partout du poids de leur revers.

Lorsque ces vils ingrats méconnoissant leur mère
Armoient contre son sein des milliers de soldats,
Enfant, mais altéré de la soif des combats
Barra vole aux périls de cette juste guerre.

Il part, et se souvient que la reconnoissance
Est le devoir d'un fils : plein des plus tendres soins,
La moitié de sa paye étoit à ses besoins,
Le reste de sa mère aidoit à l'indigence.

Il croyoit ce héros voler à la victoire…
Dis-moi, sort inhumain ! Pourquoi donc sans pitié
Mais que dis-je ! Barra tu méritois la gloire
De sceller de ton sang l'auguste liberté.

Un jour ce jeune enfant, par un malheureux sort,
Hélas ! tombe au pouvoir d'une troupe ennemie.
Crie, vive le roy ! Nous te laissons la vie,
Et si tu n'obéis, nous te donnons la mort.

Barra de ces brigands méprisant l'ordre infâme
Résolut de mourir, bien sûr d'être vengé,
Sentant un feu sacré s'allumer dans son âme,
Cria sans hésiter, vive la liberté !

Aussitôt, enragés, sans égard pour son âge,
Ces brigands odieux transportés de fureur,
Et ne rougissant point de lui percer le cœur,
Sur son corps palpitant assouvissent leur rage.

Pleurez, François, pleurez la mort de ce héros,
Qui, quoique jeune encor, promettoit à la France
De servir promptement sa trop juste vengeance,
Et de la délivrer de tous ses vils rivaux.

Il vivra cet enfant au temple de la gloire ;
Nos sincères regrets lui sont dus à jamais.
Il est vrai, tu vécus assez pour ta mémoire,
Mais tu n'as pas assez vécu pour les François.

Heureux et trop heureux si pour la liberté,
Enfant comme toi-même, en suivant ton exemple,
Cher Barra, je pouvois arriver jusqu'au temple
Que dédia la France à l'immortalité.

 
 

Sources

AN, F17 1008C.