Hymne sur la nouvelle de la réduction de Toulon, par l'Armée républicaine

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Dizains d'octosyllabes

Texte

Enfin, nous voilà triomphants :
Toulon, cette cité rebelle,
Dernier refuge des brigands,
N'a plus, pour eux, de citadelle.
Au premier feu de nos guerriers
Fumants d'une sainte colère,
On les a vu, tous ces meurtriers,
Voler sous un autre hémisphère
Seroient-ils sauvés, pour cela ? (bis)
Non, non : ça va & ça ira. (bis)

Infâme Pitt dont les excès
Égalent l'impudente audace !
Par tes horreurs, pas nos succès
Tu peux juger de ta disgrâce :
Et vous tyrans, chez qui l'orgueil
Vient rafiner la barbarie.
Voyez aussi votre cercueil
Dans le combat de la patrie.
Devons-nous donc en rester là ? (bis)
Non, non, ça va & ça ira. (bis)

Après avoir brisé nos fers,
Un devoir sacré nous invite
À propager, dans l'univers,
Notre doctrine Jacobite.
La Liberté, l'Égalité
Du genre humain sont l'apanage :
Tout doit donc, en l'hérédité,
Prendre sa part, jusqu'au sauvage.
Un zèle ardent s'en tient-il là ? (bis)
Non, non : bien plus loin ça ira. (bis)

En vrais soldats républicains,
Ennemis de la tyrannie,
Nous protégerons les destins
Des nouveaux-nés de la patrie !
Au champ de Mars, tous les vainqueurs
Dans l'État, nos législateurs
Travailleront tous, à leur gloire.
Un zèle ardent s'en tient-il là ? (bis)
Non, non : bien plus loin ça ira. (bis)

Pour établir la Liberté
Sur les bases inébranlables,
Offrons à la postérité,
Des monuments impérissables.
Gravons sur le marbre & l'airain,
Tous les noirs forfaits des despotes :
Traçons sous un autre burin,
Tous les beaux traits des Sans-culottes ;
Alors, sans peine, l'on dira, (bis)
Ça fut, ça va & ça ira. (bis)

Offrons encore à nos neveux,
En mémoire de nos souffrances,
Tous les emblèmes glorieux
De nos saintes réjouissances.
C'est le signe de la valeur,
De la constance le symbole ;
Et l'image qui parle au cœur,
Répond du cœur, sur sa parole,
Croyons donc, que chacun dira, (bis)
Ça fut, & morbleu ! ça ira. (bis)

Et toi secondant nos efforts !
Liberté ! Liberté chérie !
Fais passer tes brûlants transports 
Dans l'âme la plus attiédie :
Rends tous les mortels généreux,
Sans cesse anime leur courage ;
Que tous les peuples soient heureux !    
Et qu'on admire ton ouvrage !
En ton honneur on chantera, (bis)
L'hymne de ça va, ça ira. (bis)

Rendons, amis, à l'Éternel
Qui préside à notre entreprise,
L'hommage qu'un jour solemnel
Appelle, après des jours de crise.
Lui seul est tout, lui seul peut tout ;
Nos loix se font sous son auspice ;
Sa main doit nous conduire au bout ;
Espérons donc en sa justice,
Et chantons à double refrain, (bis)
De nos maux nous verrons la fin. (bis)

 
 

Sources

AN, F17 1326, Dossier 4.