Hymne sur la prise de Toulon en l'honneur des deffenseurs de la patrie

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Sizains d'octosyllabes

Texte

En vain tous les rois de la terre
Voudraient-ils nous faire la guerre,
Lutter contre l'égalité ;
Les hommes libres sont trop braves
Pour fléchir devant des esclaves
En défendant la liberté.
 
Républicains, quand la patrie
Fait entendre sa voix chérie,
Demande encore quelques enfants ;
De quel courage, de quel zèle
Chacun de nous s'arme pour elle,
Et marche contre les tyrans !
 
Animé d'une ardeur guerrière,
Le colon quitte sa chaumière,
Sa femme son bien son troupeau ;
L'artiste ferme sa boutique,
Confiant à la République
Ses enfans encore au berceau.
 
Nul sacrifice n'est pénible,
Aucune conquête impossible,
À de si résolus soldats ;
Soupirant tous après la gloire
De la mort ou de la victoire,
Alors qu'ils volent aux combats.
 
Dans les revers, quelle constance,
Dans le péril quelle vaillance,
Doivent montrer de tels guerriers :
Que le hasard leur soit prospère,
Qu'à leurs désirs il soit contraire,
Ils cueillent toujours des lauriers.

Si par une ruse maligne,
Par quelque trahison insigne,
On surprend leurs ports, leurs cités,
Ces hommes se lèvent en masse,
Se portent tous vers cette place,
L'investissent de tous côtés.
 
Ainsi de Marseille rebelle,
Ainsi de Lyon infidèle,
En peu de jours on eut raison ;
Lyon n'est plus… Tremblés perfides.
Nos soldats de vengeance avides,
Marchent sur l'infâme Toulon.

Si l'entreprise est périlleuse,
Elle en sera plus glorieuse.
Ils s'élancent vers les remparts ;
Les satellites des despotes,
Assaillis par les patriotes,
Sont terrassés de toutes parts.

Dieux que de sang ! Que de carnage !
Rien ne tient contre le courage
Que montrent les républicains ;
L'Anglais ce superbe insulaire
Est renversé sur la poussière,
Ou chassé le fer sans les reins.

Nos ennemis prennent la fuite ;
Mais nos héros à leur poursuite,
Les chargent jusqu'à leurs vaisseaux :
Les Toulonais la pluspart traîtres,
Veulent suivre leurs nouveaux maîtres ;
Ils sont engloutis dans les eaux.

Murs de Toulon, murs détestables,
Souillés de complots exécrables,
Disparoissés, soyez razés ;
Mais non : pour transmettre à l'Histoire,
Notre valeur, & notre gloire ;
Remparts, vous serez conservés !

Vous deviendrés la récompense,
De ces soldats dont la vaillance,
Sur votre force eut le dessus ;
Vous armerés contre l'Espagne,
Sous le nom de Port la Montagne ;
Votre nom dira vos vertus.

 
 

Sources

AN, F17 1009A.