Hymne sur la reprise de Toulon
Auteur(s)
Mots-clés
Paratexte
Chanté à la fête du Champ-de-Mars, le 10 nivôse an II
Texte
Toulon, redevenu français,
N'étend plus ses regards sur une onde captive :
Son roc, purifié par nos justes succès,
Menace Albion fugitive.
Les feux qu'ont allumés des ennemis pervers,
Dirigés contre eux-mêmes ont foudroyé leurs têtes ;
Et leurs vaisseaux, tyrans des mers,
Sont poursuivis par les tempêtes.
Il sera partout abattu
Le rival insolent d'un peuple magnanime :
Le Français au combat marche avec la vertu ;
L'Anglais y marche avec le crime.
Le pouvoir éternel qui siège au haut des cieux
Du peuple souverain protège le génie ;
Et les éléments furieux
S'arment contre la tyrannie.
Anglais, vos serviles vaisseaux
Teints du sang qui coula sur les remparts de Gênes,
D'une cité française osant souiller les eaux
Venaient nous apporter des chaînes.
Les nôtres à Plymouth portant l'égalité
Consoleront la Manche à des brigands soumise
Et le jour de l'égalité
Luira sur la sombre Tamise.
En vain vous prétendez encor
Appesantir sur l'onde un trident tyrannique
Rois, ministres, guerriers, vainqueurs avec de l'or ;
Triomphants par la foi punique,
L'univers se soulève ; il remet en nos mains
Le soin de recouvrer le public héritage ;
Et les bras des nouveaux Romains
Renverseront l'autre Carthage.
Lève toi, reprends tes lauriers ;
Ceins d'olive et de fleurs ta tête enorgueillie,
Fille de l'Océan, dont les flots nourriciers
Baignent la France et l'Italie !
Sur ton sein généreux porte-nous les trésors
De l'onde adriatique et des mers de Byzance ;
Appelle et conduis dans nos ports
Les doux tributs de l'abondance !
Et nous, peuple triomphateur,
Français ! Notre destin fera le sort du monde :
C'est un soleil nouveau, dont l'éclat bienfaiteur
Réjouit, anime et féconde.
Tout ressent, tout bénit ses regards pénétrants ;
Tout suit, en l'invoquant, cet astre tutélaire ;
Son feu, qui brûle les tyrans,
Nourrit les peuples qu'il éclaire !