Ils vivent cependant et de tant de victimes…
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Texte
Ils vivent cependant et de tant de victimes
Les cris ne montent point vers toi.
C'est un pauvre poète, ô grand Dieu des armées,
Que seul, captif, près de la mort,
Attachant à ses vers des ailes enflammées
De ton tonnerre qui s'endort,
De la vertu proscrite embrassant la défense,
Dénonce aux juges infernaux
Ces juges, ces jurés qui frappent l'innocence,
Hécatombe à leurs tribunaux.
Eh bien, fais-moi donc vivre, et cette horde impure
Sentira quels traits sont les miens.
Ils ne sont point cachés dans leur bassesse impure ;
Je le vois, j'accours, je les tiens.
Sources
CHÉNIER André, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1950, p. 190.