Incrédules, ou le Déplacement des saints (Les)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains d'heptasyllabes en rimes croisées

Texte

Air :  Aussitôt que la lumière

On vit le Français crédule,
Courbé devant son tyran,
Trembler dessous la férule
Des pédans du Vatican.
La Raison l'a rendu libre,
Il punit ses assassins,
Et dans la fange du Tibre
Il relègue tous les saints.

Ces édifices gothiques
Long-temps nommé le saint lieu,
Ne servent plus de boutiques
Pour vendre ou pour manger Dieu.
Des autels le peuple chasse
Les héros du saint métier,
Et son amour y replace
Marat et Lepelletier.

La Raison partout arbore
Au lieu du divin gibet,
La bannière tricolore,
La pique et le fier bonnet ;
Nos diables sont les despotes ;
Nos prêtres sont les guerriers ;
Les enfers sont les dévotes ;
Le paradis nos foyers.

Sur les autels de Marie
Nous plaçons la Liberté :
De la France le Messie
C'est la sainte Égalité.
Nos forts sont nos cathédrales ;
Nos cloches sont nos canons ;
Notre eau bénite, des balles ;
Nos oremus des chansons.

Les chaires où l'imposture
Prêchait l'imbécillité,
Où l'on damnait la Nature
De par la divinité,
Aujourd'hui purifiées
Servent à la vérité
Pour vanter nos destinées,
Les vertus, la Liberté.