Adhésion au Très-Haut
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Mots-clés
Paratexte
Jupiter omnia plena
Virg, Aeneid.
Texte
Certitude de l'immortalité de l'âme, par la présence d'un Dieu qu'annonce la Nature
Regarde avec bonté ta faible créature ?
Eh ! Quel autre que Toi,
Peut l'élever à Toi !
Ton exemplaire est la Nature.
Tout émane de Toi,
Et remonte vers Toi.
L'immensité circule autour de Toi.
Tout est régi par Toi.
Tout se ressent de Toi.
Tout est rempli de Toi.
Ens entium miserere nobis
Vois ce peuple implorer ta divine assistance,
Contre tous les tyrans ligués contre la France !
Assure le triomphe aux vrais républicains !
Leur titre est leur vertu… leur sort est en tes mains.
Ce sont les défenseurs de la mère-patrie
Contre tous les vautours qui déchirent son sein ;
Par leur valeur l'humanité chérie
Reconnoît le guerrier dans chaque citoyen.
Suprême Créateur… Ô Grand Être des êtres !
Vengeur de l'Innocence extermine les traîtres ?
Ces satellites vils, noirs suppôts des tyrans :
Qui veulent à leur joug asservir tes enfans.
Nous tenons tout de Toi, céleste Intelligence !
Sur nous, lance un rayon de ta divinité ?
Eh ! Nous t'appartenons… viens… pour notre défense ?
Seconde nos efforts ; vange l'humanité…
Qui réclame en ses droits, l'auguste Liberté :
(Appanage divin, don pur de l'existence)
Que suivent les Vertus, la paix et l'unité.
Des êtres ta bonté relève l'existence,
Dès l'aube des mortels jus-qu'à leur décadence.
L'homme fut ton chef-d'œuvre… il retrace en un trait
Les cieux, la Terre, l'onde, et l'Être qui l'a fait.
Il porte un front altier vers la voûte empirée…
Et dans sa vüe éclate une flamme éthérée.
Au sortir du sommeil, au prime aspect du jour,
Il élève sa tête au suprême séjour :
Laissant aux animaux pour leur dernier partage,
Cette terre (jadis) son premier héritage.
L'homme aspirant au Ciel évidemment fait voir
Que c'est trop peu pour lui, qu'un terrestre pouvoir ;
Qu'ailleurs est un asyle, en quittant cette vie :
Où tendent tous ses vœux dans le sein d'Uranie.
Au milieu des rayons d'une immense clarté,
Auprès du Créateur on voit l'humanité.
Le mortel impassible au souverain empire…
L'esprit le voit, et le cœur le désire.
La Raison sans efforts montre la vérité ;
Un mensonge aurait-il tant de simplicité ?
Tout redit aux mortels, remontez à la source !
Soit rapide torrent, ou rivière en son tour,
Nos instans sont comptés, ils passent sans retour ;
Tout a sa période et son terme en sa course.
Ta sagesse qui donne avec profusion
De ton souffle divin, la vive expression :
Un caractère aux corps, du vrai sublime à l'âme,
À nos sens l'action d'une céleste flamme…
Voulut de l'homme ainsi composer le cerveau
D'organes si subtils ! Le prodige nouveau :
D'organes délicats
Des arts que l'esprit exerçant son empire,
La Raison lui dictât ce qu'on ne peut décrire…
Que Minerve absolue étendant son pouvoir,
Elle fût sa boussole, augmentât son sçavoir ;
Qu'elle soit un sûr guide, et lui laisse connoître
Ce qu'il doit éviter, et tout ce qu'il peut être.
Qu'en réglant ses devoirs… toutes ses actions…
Elle fixât un mode aux opérations.
Elle dit à son cœur sincère :
Sois fidèle au Très-Haut, en nul autre n'espère…
Ce qu'un docile enfant doit attendre d'un père.
Tel est de la Raison l'ascendant souverain.
Le probe suit son guide, et le méchant le craint.
Le despote orgueilleux fuit en vain sa lumière…
Elle s'offre à sa vue ; il prend un ton sévère :
Pour traîner à son char l'auguste Liberté,
Il ôte à la Vertu sa propre faculté.
Tel est, Grand-Dieu ! l'atroce caractère
De tous ces potentats les fléaux de la terre.
Ô souverain… Recteur de l'univers !
Ô soleil de justice aux yeux des plus pervers !
Origine, action, bienfaisante puissance :
Origine du monde l'âme et seule intelligence…
Dont la Terre et les cieux adorant la grandeur
Nous donnent l'apperçu d'un céleste bonheur…
Esprit et sentiments : suprême préscience !
Tu veux que la Nature annonce ta présence.
Universel agent, principe, océan de clarté…
Entendement, mémoire, et droite volonté :
Source pure, éternelle… Ô gloire et vérité !
Toi, qui pénètre tout par ta sublime essence…
Ton pouvoir absolu tient à l'éternité.
Les mondes dans ton sein, soumis à ta puissance,
Naquirent à la fois, pour montrer l'unité.
Oui, tes œuvres, Seigneur, sont en pleine évidence !
Tu dis à la Nature : agis par mon pouvoir !
L'homme un jour connoitra tout ce qu'on doit sçavoir.
Tu dis aux nations aimez votre patrie !
servez
De ce que vous avez, rendez grâce à l'auteur.
Soyez unis : gardez la famille chérie
De ces pièges adroits d'un perfide oppresseur.
À tous les peuples du monde.
Habitans de la Terre, adorez votre maître.
Tous ses bienfaits sur nous, le font assès connoître.
Conclusion :
Principe seul, essence, vérité…
Qui peut tout, qui voit tout dans ton immensité…
Épure tous nos sens des feux de ta clarté !
De ce divin amour, viens embraser nos âmes !
Fais descendre en nos cœurs tes salutaires flammes…
Qui font atteindre l'homme à la divinité.
Dans ton immensité vont s'élancer nos âmes.
Fais sortir tes enfans de leur obscurité…
Renverse le superbe enflé de vanité !
Que son orgueil expire aux pieds de l'être sage :
Et que l'humble mérite ait la gloire en partage.
Viens remplir tout l'espoir des êtres malheureux :
Et répands ton éclat sur nos jours ténébreux !
Que les restes impurs de tout genre de vices
S'effacent à jamais, rentrent dans leur néant.
Que toutes les vertus pour nous être propices,
Occupent sur la Terre un poste permanent !
À la nation française
Bénis à jamais le Dieu qui t'éclaire !
Républicain français, adore l'Éternel.
Oui, ton patriotisme, en tout tems solemnel…
(éclatant au grand jour, et qu'on ne saurait taire)
Sera pour tous les rois, la plus forte leçon ;
La Liberté triomphe, où règne la Raison.
Qu'elle soit désormais ton ange tutélaire.