Bataille de Fleurus (La)
Mots-clés
Musique
Paratexte
Ode républicaine en stances irrégulières offerte à la Convention nationale et au Comité de Salut public
Texte
Chantez, favoris des neuf Sœurs,
Voici le jour de la victoire !
Amans des filles de mémoire,
Chantez nos fiers triomphateurs !
Éveillez-vous, nouveaux Tyrtées ;
Que les accens de votre voix,
De nos phalanges indomptées,
Portent jusques aux cieux les superbes exploits.
Prenez la lyre, enfans de Polymnie,
Que l'air résonne au loin de vos divins concerts.
Osez ; vos chants vont charmer l'univers ;
Toujours ta gloire enfanta le génie.
Avez-vous pris votre ciseau,
Toi, Phidias, toi, Praxitèle ?
Es-tu prêt, généreux Apelle ?
La gloire est là pour guider ton pinceau.
Eh bien ! Ils ont donc fui ces insolens esclaves
Leurs généraux si vains ont donc été vaincus !
Allez, tyrans, allez dans les champs de Fleurus,
Vous verrez ce que peut le glaive de nos braves.
Ô champs trois fois heureux ! Champs trois fois consacrés
Par les succès de ma patrie.
Que j'aime à voir les débris exécrés
Dont vient de vous joncher la plus sainte furie !
Oui, je vous vois, champs de Fleurus,
Je vous entends crier : Les tyrans sont vaincus !
De leur espérance insensée
Voilà quels sont les nobles fruits !
Nous étions morts dans leur pensée,
Le François marche… Ils sont détruits !
Qu'est devenu cet amas de tonnerres
Qui vomissoient la rage avec les feux ?
Où sont, discret Cobourg, les escadrons nombreux
Que ta haine appela de toutes les frontières ?
Eh ! Qu'importe le nombre à des républicains ?
Entendez-vous les cris de la victoire.
Point de retraite… Ô vœux exaucés par la gloire !
Tombe, féroce Anglois, tombez, cruels Germains,
Tombez, brigands vendus par des rois assassins !
Je le savois bien, moi que la loi salutaire
Qui prononça la mort à tout esclave anglois,
À nos républicains françois
Seroit utile autant que chère !
Quand je disois : Point de quartier !
Mon cœur jugeoit ceux de nos braves ;
Ils ont frappé dix mille esclaves,
Et n'ont fait qu'un seul prisonnier !
Tu n'as pas satisfait encore
Au long ressentiment de ce ciel en courroux,
Monstre que la nature abhorre,
Héros, pour égorger le vieillard à genoux
Guerriers, ne craignez pas que son nom déshonore
Ces champs que vos vertus inspirent à mon cœur ;
Mais puisse votre bras vengeur
Livrer ce vil mortel à son juste supplice !
Et qu'avec son dernier complice
Il éprouve un tourment égal à leur fureur.
Au Panthéon déjà les marbres vous demandent,
Ô vous, dont le trépas éternise les noms !
Et vous, leurs dignes compagnons,
De nouveaux lauriers vous attendent ;
Allez leur présenter vos fronts.
Parcourez tout entier le champ de votre gloire,
Anéantissez les tyrans.
Soldats républicains, encore une victoire,
Et le sol de la France est purgé des brigands.