Chant des victoires (Le)

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes + refrain en distique d'alexandrins

Paratexte

Hymne chanté à la fête du 10 août 1794

Texte

Musique de Méhul

Fuyant les villes consternées,
L'Ibère orgueilleux et jaloux
A vu s'abaisser devant nous
Les deux sommets des Pyrénées.
Ses tyrans, ses inquisiteurs
Dans Madrid vont payer leurs crimes ;
D'injustes sacrificateurs
Deviendront de justes victimes.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

De Brutus éveillons la cendre ;
Ô Gracques ! Sortez du cercueil :
La liberté, dans Rome en deuil,
Du haut des Alpes va descendre.
Disparaissez, prêtres impurs,
Fuyez, impuissantes cohortes :
Camille n'est plus dans vos murs,
Et les Gaulois sont à vos portes.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Avare et perfide Angleterre,
La mer gémit sous tes vaisseaux ;
Tes voiles pèsent sur les eaux ;
Tes forfaits pèsent sur la terre.
Tandis que nos vaillants efforts
Brisent ton trident despotique,
Vois l'abondance, vers nos ports,
Accourir des champs d'Amérique.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Lève-toi ! Sors des mers profondes,
Cadavre fumant du Vengeur,
Toi qui vit le Français vainqueur
Des Anglais, des feux et des ondes.
D'où partent ces cris déchirants ?
Quelles sont ces voix magnanimes ?
Les voix des braves expirants
Qui chantent du fond des abîmes :

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Fleurus, champs dignes de mémoire,
Monument d'un triple succès,
Fleurus, champs amis des Français,
Semés trois fois par la victoire !
Fleurus, que ton nom soit chanté
Du Tage au Rhin, du Var au Tibre !
Sur ton rivage ensanglanté,
Il est écrit : l'Europe est libre.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Ostende, reçois nos cohortes :
Namur, courbe-toi devant nous ;
Oudenarde et Gand, rendez-vous ;
Charleroi, Mons, ouvrez vos portes.
Bruxelles, devant tes regards,
La liberté va luire encore ;
Plaintive Liège, en tes remparts,
Revois le drapeau tricolore.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Rois conjurés, lâches esclaves,
Vils ennemis du genre humain,
Vous avez fui, le glaive en main,
Vous avez fui devant nos braves ;
Et de votre sang détesté
Abreuvant ses vastes racines,
Le chêne de la liberté
S'élève aux cieux sur vos ruines.

Le chœur :

Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !

Dans nos cités, dans nos campagnes,
Du peuple on entend les concerts :
L'écho des fleuves et des mers
Répond à l'éclat des montagnes.
Tout répète ces noms touchants :
Victoire, liberté, patrie.
L'Europe se mêle à nos chants :
Le genre humain s'élève et crie :
Gloire au peuple français ! Il sait venger ses droits ;
Vive la République ! Et périssent les rois !