Chant dithyrambique pour l'entrée triomphale des monuments d'Italie

Auteur(s)

Année de composition

1798

Genre poétique

Description

Paratexte

Texte

Musique de Lesueur

Réveille-toi, lyre d'Orphée !
Enfante de nouveaux concerts ;
Jamais aux rives de l'Alphée
Pindare ne chanta des triomphes plus chers ;
Jamais plus superbe trophée
N'appela sur nos bords les yeux de l'univers.
France heureuse, quelle est ta gloire !
Tu vois les chefs-d'œuvre des arts,
Conquis des mains de la victoire,
Embellir tes nobles remparts.

Dans sa course immense et féconde
Le soleil même est fier de ton auguste aspect,
C'est de toi que sortit la liberté du monde ;
Et le monde vengé t'admire avec respect !
De ton char immortel préside à cette fête,
Dieu du jour et des arts, radieux Apollon,
Digne de marcher à leur tête,
Reconnais le vainqueur de l'horrible Python[1].
À voler sur ses pas les muses empressées
Viennent s'offrir à nos transports.
La Nature, les arts, le trésor des pensées[2],
Qu'une main fidèle a tracées,
De leur triple conquête enrichissent nos bords.
France heureuse, quelle est ta gloire !
Tu vois les chefs-d'œuvre des arts,
Conquis des mains de la victoire,
Embellir tes nobles remparts.

De talents créateurs quelle foule rivale !
Guidez, sœurs d'Apollon, un cortège si beau :
L'Olympe en est jaloux et n'a rien qui l'égale.
La toile a respiré sous le feu du pinceau ;
Tous ces marbres vivants sont les fils du ciseau.
Devant leur marche triomphale
La gloire élève son flambeau.
France heureuse, quelle est ta gloire !
Tu vois les chefs-d'œuvre des arts,
Conquis des mains de la victoire,
Embellir tes nobles remparts.

Beaux-arts, rois sans esclave, honneur de la patrie,
Venez dans leur palais succéder aux tyrans ;
Leur trône est abattu, leur mémoire est flétrie :
De l'immortalité sublimes conquérants,
La vôtre est à jamais chérie.
Venez dans leur palais succéder aux tyrans.
France heureuse, quelle est ta gloire !
Tu vois les chefs-d'œuvre des arts,
Conquis des mains de la victoire,
Embellir tes nobles remparts.

Jadis ces merveilles divines,
Rome les enlevait aux Grecs industrieux ;
Et dans la ville aux sept collines
Notre Mars enleva ces larcins glorieux.
Riche des dépouilles du Tibre,
La Seine triomphante et libre,
Pour jamais les offre, à nos yeux.
Du bonheur des Français que Rome se console ;
Rome a vaincu par nous le pontife et l'idole :
Son génie est ressuscité ;
Et les fils de Brennus rendent le Capitole
À son antique liberté.
France heureuse, quelle est ta gloire !
Tu vois les chefs-d'œuvre des arts,
Conquis des mains de la victoire,
Embellir tes nobles remparts.

  1. ^ L'Apollon du Belvédère.
  2. ^ Les manuscrits.