Chant du banquet républicain pour la fête de la Victoire
Auteur(s)
Paratexte
Exécuté à la fête de la Reconnaissance et des Victoires, le 10 prairial an IV
Texte
Musique de Catel
Ô jour d'éternelle mémoire,
Embellis-toi de nos lauriers !
Siècles, vous aurez peine à croire
Les prodiges de nos guerriers.
L'ennemi disparu fuit, ou boit l'onde noire.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Liberté, préside à nos fêtes !
Jouis de nos brillants exploits !
Les Alpes ont courbé leurs têtes,
Et n'ont pu défendre les rois ;
L'Éridan conte aux mers nos rapides conquêtes.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
L'Adda, sur ses gouffres avides
Offre un pont de foudres armé.
Mars s'étonne ; mais nos Alcides
Dévorent l'obstacle enflammé :
La victoire a pâli pour ces cœurs intrépides.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Quelle est cette race lointaine
Qui du pôle a fui les déserts ?
Quoi ! La Neva jusqu'à la Seine
Roulait ses glaçons et des fers !
Tu les a dévorés, foudre républicaine !
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Quel choc ! Le sort quatre fois change ;
Partout siffle le plomb mortel.
Au premier rang de sa phalange,
Desaix… Sa tombe est un autel.
Au lieu de le pleurer, Bonaparte le venge.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Tout cède au bras d'un peuple libre,
Les rochers, les torrens, le sort.
De ces coups dont gémit le Tibre
Le Sud épouvante le Nord.
Des balances de Pitt nous rompons l'équilibre.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Tamise ! En tes grottes profondes
Pleure tes coupables trésors !
Qu'à tes fils, horreur des deux mondes,
La terre ferme tous ses ports !
Qu'ils errent, exilés sur l'abîme des ondes.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Sa gaîté, fille du courage,
Par un sourire belliqueux
Déconcerte la sombre rage
De l'Anglais morne et ténébreux ;
Le Français chante encor en volant au carnage.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Rival de la flamme et d'Éole,
Le Français triomphe en courant.
Pareil à la foudre qui vole,
Il renverse l'aigle expirant.
Le despote sacré tombe du Capitole.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais !
Buvons, buvons à la victoire,
Fidèle amante du Français.
Vils tyrans qu'un flatteur caresse,
Pâles d'un stérile courroux,
Frémissez de notre allégresse,
Mais vous, peuples rassurez-vous !
Partagez du Français la triomphante ivresse.
Sous la main de nos Praxitelles,
Respirez, marbres de Paros !
Muses ! Vos lyres immortelles
Nous doivent l'hymne des héros.
Il faut de nouveaux chants pour des palmes nouvelles.
Sous des lauriers que Bacchus a d'attraits !
Enivrons, mes amis, la coupe de la gloire
D'un nectar pétillant et frais :
Buvons, buvons à la victoire ;
Bientôt nous boirons à la paix.