Chant républicain sur la bataille de Fleurus
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Paratexte
Chanté au Concert du Peuple, le 16 messidor an II
Texte
Musique de Catel
C'est en vain que le Nord enfante
Et vomit d'affreux bataillons,
Leur corps est promis aux sillons
De notre France triomphante.
Fleurus, tes champs couverts de morts,
Attestent les heureux efforts
De la valeur républicaine,
Tes champs, fameux par nos exploits,
Ont trahi l'espoir et la haine
De cent mille esclaves des rois.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.
Pareils aux flots de ces ravines
Dont le bruit sème la terreur,
Ils s’avançaient, et leur fureur
Méditait de vastes ruines.
Leurs vœux se disputaient nos biens ;
Du meurtre de nos citoyens
Ils ensanglantaient leurs pensées.
Ils ont paru ! Mais ils ont fui
Comme ces feuilles dispersées
Qu'Éole souffle devant lui.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.
Le Dieu que célèbrent nos fêtes,
L'Éternel combattait pour nous.
L'Éternel dirigeait nos coups,
Et frappait leurs coupables têtes.
Ô Fleurus ! Ô vaste cercueil
Où des rois expire l'orgueil !
Où périt l'insulaire avare !
C'est là qu'au fer de nos soldats,
L'Anglais fourbe, lâche et barbare,
A payé ses assassinats.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.
Soleil ! Témoin de la victoire,
Applaudis nos brillants succès ;
Sois fier d'éclairer des Français ;
Répands tes feux et notre gloire ;
Que sur leurs trônes chancelants,
Tous les rois, pâles et tremblants,
Craignent la même destinée ;
Enfin les peuples ont leur tour,
Et leur justice mutinée
Les venge d'un aveugle amour.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.
Il n'est plus de lâches obstacles.
Vainqueurs sur la terre et les flots,
Tous les Français sont des héros.
Liberté ! Voilà tes miracles.
L'ombre de nos seuls étendards
Fait tomber les tours, les remparts.
Le Brabant nous ouvre ses portes ;
Et le souffle de nos guerriers
Précipite au loin ces cohortes
Qui menacèrent nos foyers.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.
Ô Renommée ! À ces nouvelles,
À ces prodiges que tu vois,
Prête l'éclat de tes cent voix ;
Ranime tes rapides ailes.
Va, par un fidèle rapport,
Glacer les despotes du Nord :
Conte au Danube, au Boristhène,
Que, vengeur de sa liberté,
Le Français, de Sparte et d’Athènes
Surpasse l'antique fierté.
Non, non, il n'est rien d'impossible
À qui prétend vaincre ou périr.
Ce cri : Vivre libre ou mourir,
Est le serment d'être invincible.