Chant sur la mort de Desaix

Auteur(s)

Année de composition

1800

Genre poétique

Description

Mots-clés

Paratexte

Texte

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
DesaixDesaix, né à St Flour, (il y a 38 ans) élève de l'École militaire, était avant la Révolution officier au régiment de Bretagne. Il avait servi sans interruption depuis le commence de la guerre, et constamment commandé l'avant-garde de l'armée du Rhin, sous le général Moreau. Lorsqu'il vint à Milan, après l'armistice de Léoben, pour voir les lieux où trois armées autrichiennes avaient été détruites, le général Bonaparte fit mettre à l'ordre : « Le général Desaix est arrivé de l'armée du Rhin, et il va reconnaître les positions où les Français se sont immortalisés ». Son amour pour son art et la gloire des Français, égalait la profondeur de son génie et la bonté de son âme. À la bataille de Marengo (le 25 prairial, à trois heures après-midi), l'ennemi ayant ébranlé la gauche de l'armée française, le Premier Consul imprime une nouvelle force à nos guerriers, en leur disant : « Vous savez que mon habitude est de coucher sur le champ de bataille ». Aux cris de « Vive la République ! Vive le Premier Consul ! » Desaix, à la tête de la cavalerie, avec sa division, aborde l'ennemi au pas de charge, enfonce le centre de la ligne, et les Autrichiens sont culbutés. Mais Desaix, frappé d'une balle, meurt sur le coup ; il n'eut que le tems d'adresser au jeune Lebrun ces dernières paroles : « Allez dire au Premier Consul que je meurs avec le regret de n'avoir pas assez fait pour vivre dans la postérité » va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

Sa valeur dompte le hasard,
Il s'immole pour notre gloire,
Il tombe !… Et son dernier regard
Est le signal de la victoire !…
Ainsi ton génie, ô Desaix !
Servit le Fabius français
Dans cette immortelle retraite
Où l'on vit trembler le vainqueur.
Tel le lion, dans sa défaire,
D'effroi glace encor le chasseur !

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

De son berceau mystérieux
Le Nil t'a révélé la place,
Et de ton front victorieux,
Thèbes a contemplé l'audaceDans la conquête de la Haute-Égypte, Desaix a développé les talens qui l'avaient fait distinguer de l'Europe, et le caractère qui lui avait concilié l'estime de l'ennemi même, et l'affection particulière du soldat français. Les Égyptiens lui donnèrent le titre de Sultan Juste !
Contre toi d'un ciel enflammé
Le Saïd en vain s'est armé ;
Du Delta les plaines humides,
Retentissent de tes exploits !
Et dans les flancs des pyramides
Ont frémi les cendres des roi !

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

Couvert de l'égide d'un Dieu,
Tu braves les fils d'Orithye,
Et la peste aux ailes de feu,
Dévorant la triste Libye !…
Tu t'arraches aux LéopardsFait prisonnier par l'un des vaisseaux de la division du lord Keith, il ne fut relâché qu'après vingt-cinq jours de prison, au secret, et d'affreux traitemens ;
Gênes t'attend sous ses remparts !…
Mais tu meurs aux champs d'Italie.
Console-toi, brave Desaix !
Le dernier souffle de ta vie,
Embrase le cœur des Français !…

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

Hé quoi ! De la Postérité
Tu craignais le regard sévère,
Quand pour toi l'immortalité
Commençait déjà sur la terre !
Interroge Charles vaincuPassage du Rhin en l'an V,
Mourad à tes pieds abattu !…
D'un grand homme, ô crainte sublime !
Du néant tu veux t'affranchir,
Et plein d'un regret magnanime,
Ton cœur dévore l'avenir !

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

Que tes flots reprennent leur cours,
Nymphe heureuse de l'Ausonie,
Desaix a payé de ses jours,
Ton indépendance chérie !…
Dispense la fécondité,
Reprends ton antique fierté !
Sois libre !… Mais lorsque sa gloire
Sourit à tes brillans climats,
Donne un regret à sa mémoire,
Donne une larme à ton trépas !

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…

Un guerrier :

Tel un météore brillant
Chasse la nuit, perce la nue,
Tel, radieux et triomphant,
Desaix échappe à notre vue !…
Lorsque les Francs avec orgueil,
De fleurs couronnent son cercueil,
Sa grande âme franchit l'espace
Sur un nuage lumineux,
Et la Gloire marque sa place,
Près des héros, au sein des dieux !…

Chœur de guerriers :

La charge bat, l'air gémit, l'airain tonne ;
Dans tous nos bataillons, en un seul corps serrés,
Chaque soldat de ses coups assurés,
Repousse le trépas qu'il donne !…
Victoire !… Ces exploits au Ciel sont consacrés ;
Desaix va les inscrire au temple de Bellone !…