Chant triomphal de l'armée d'Italie

Année de composition

1797

Genre poétique

Description

Huitains en rimes croisées + refrain en quatrain d'octosyllabes en rimes croisées

Texte

Air : Chant du départ

La victoire, en chantant, vers les remparts de Rome,
Conduit de nouveau les Gaulois :
Mais leur glaive aujourd'hui, vengeur des droits de l'Homme,
N'est menaçant que pour les rois.
Ils vont relever les décombres
De son Capitole écroulé,
Et venger eux-mêmes les ombres
Du Sénat qu'ils ont immolé.
Rome ! La Liberté t'appelle :
Romps tes fers, ose t'affranchir !
Un Romain doit vivre pour elle,
Pour elle un Romain doit mourir.

La balance à la main, Brennus vers toi s'avance
Non plus pour peser ta rançon ;
Ton peuple et tes tyrans seront dans sa balance
Pesés au poids de la Raison.
Si le poids des tyrans s'élève,
Si le peuple pèse le plus,
Brennus y posera son glaive,
Et malheur, malheur aux vaincus !
Rome ! La Liberté t'appelle :
Romps tes fers, ose t'affranchir !
Un Romain doit vivre pour elle,
Pour elle un Romain doit mourir.

Ton Camille est tombé, reine de l'Italie !
Qui te défendra de nouveau ?
La ronce a végété sur son urne avilie,
Et l'herbe a crû sur son tombeau.
J'ai vu ton peuple trop crédule,
Souffrir qu'un pontife imposteur
Usurpât la chaise curule
D'où tonnait ton fier dictateur.
Rome ! La Liberté t'appelle :
Romps tes fers, ose t'affranchir !
Un Romain doit vivre pour elle,
Pour elle un Romain doit mourir.

Romains, levez les yeux ! Là fut le Capitole :
Ce pont est le pont des Coclès :
Ces gazons ont couvert les cendres de Scévole :
Lucrèce dort sous ces cyprès :
Là, Brutus immola sa race ;
Ici, s'engloutit Curtius ;
Et César, à cette autre place,
Fut poignardé par Cassius.
Rome ! La Liberté t'appelle :
Romps tes fers, ose t'affranchir !
Un Romain doit vivre pour elle,
Pour elle un Romain doit mourir.

Peuple esclave, entends-tu les chants d'un peuple libre ?
Sors enfin des bras du sommeil ;
As-tu vu ces drapeaux flottant au bord du Tibre ?
Voici le moment du réveil !
Hâte-toi, brise tes entraves !
Et que du creux de ses volcans,
L'Etna vomisse au loin ses laves,
Pour dévorer tous les tyrans !
Rome ! La Liberté t'appelle :
Romps tes fers, ose t'affranchir !
Un Romain doit vivre pour elle,
Pour elle un Romain doit mourir.