Toi ! « qui mal-à-propos, engagé dans Arnheim,
Ne sus pour en sortir, de porte qu'Hildeseim, »
Boileau ! que dirais-tu, si, nouveau Pythagore,
De ton ancien métier, te souvenant encore,
Apportant parmi nous ta réputation,
Tu pouvais être mis en réquisition ?
Par quel coup de ton art, revoyant ces contrées,
Que du joug espagnol Guillaume a délivrées,
Pourrais-tu sans pâlir les aborder encor,
Et chanter un soldat plus valeureux qu'Hector,
Qui court depuis six mois, de merveille en merveille,
Et dont le nom rebelle épouvante l'oreille ?
Mais un obstacle à vaincre est un attrait de plus
Pour quiconque au Parnasse est au rang des élus.
C'est ainsi qu'autrefois, des vapeurs du Permesse,
Enivrant le monarque, au sortir de sa messe,
Tu trouvas, non sans rire, un vers alexandrin,
Qui disait que Louis ne passa point le Rhin.
Je crois déjà te voir le long des Tuileries,
Admirant quel pouvoir brisa les armoiries,
Honteux d'avoir parlé le langage des Cours,
Transmettre aux nations, dans tes mâles discours,
D'un peuple triomphant les mœurs régénérées,
Et de la Seine au Var les vertus honorées.
Je ne te cache point qu'un docteur scrupuleux,
Chassé de son pays par un maître orgueilleux,
Pourra te reprocher, avec quelqu'amertume,
Les éloges menteurs dont tu souillas ta plume.
Des vers au Mont Adulle on peut-être blessé ;
L'homme de goût t'excuse, et le siècle passé,
Fameux par tes leçons, dont il se glorifie,
Mit des bâillons sans nombre à la philosophie.
Sur le Tibre asservi, le second des Césars,
Pour adoucir les mœurs récompensa les arts ;
Horace, après Virgile, aida sa politique :
Il est temps que les arts servent la République.
Puisse, en te relisant, le génie excité,
De toute leur splendeur ceindre la liberté !