Corps et la Tête (Le)

Auteur(s)

Année de composition

1790

Genre poétique

Description

Octosyllabes

Mots-clés

Paratexte

Fable patriotique

Texte

Le Corps un jour dit à la Tête :
Avisez à tous mes besoins,
Et ma reconnaissance est prête.
Vos deux yeux, il n'en faut pas moins,
Sont aujourd'hui mon espérance.
Sans leur constante vigilance,
Je meurs ; votre intérêt n'est pas…
Tout aussitôt la Tête pense,
Cherche, découvre et dit au Bras :
Prends vite, prends. – Que faut-il prendre ?
– Cela. – Je crois devoir attendre…
– Quoi ? Du Corps l'horrible trépas ?
D'inextricables embarras ?
– Non, mais j'ai le droit de suspendre…
– Quoi ? Tes fonctions ? Ton devoir ?
– Non, mais… – Je commence à t'entendre…
On veut du blanc, tu veux du noir.
Eh bien ! Membre inhabile ou traître,
La Tête va te faire voir
Qui du bras ou du corps est maître…
S'il veut bien se servir de toi,
Membre indocile et téméraire,
C'est pour exécuter sa loi,
Et point du tout pour la lui faire.

 
 

Sources

Almanach des Muses de 1791, ou Choix des poésies fugitives de 1790, Paris, Delalain, 1791, p. 68.