Couplets adressés à l'Être suprême à l'occasion de la fête célébrée en son honneur le 20 prairial
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Texte
Air : Guillot, Guillot
Être éternel, auteur de la Nature,
Pour tout créer tu n'eus qu'à le vouloir :
Les cieux, la terre, et l'onde qui murmure,
Ainsi que l'homme, attestent ton pouvoir ;
En le formant, tu fis naître en son âme
L'ardent désir de vivre en liberté,
Et tu permis qu'une brûlante flamme
Le rapprochât de ta divinité.
L'homme, sans doute, est ton plus bel ouvrage,
Il fut l'objet de tes soins assidus ;
Tu lui donnas la force, le courage,
Tu mis en lui le germe des vertus ;
Il obtint seul le don de la parole,
Il est le seul qui puisse t'adorer ;
Dans ses malheurs c'est toi qui le console,
Ce n'est qu'en toi qu'on le voit espérer.
Oui, trop long-temps sous le joug despotique
L'homme, rampant, fut privé de ses droits :
Que l'univers soit une République,
En t'adorant qu'il respecte les loix.
Ce sont nos vœux, et déjà la victoire
Suivant nos pas, chasse nos ennemis.
Détruis, Dieu juste, ah ! Détruis, pour ta gloire,
Tous les projets des tyrans réunis.
Ah, qu'ils sont loin de cette bienfaisance,
Aimable sœur de la fraternité !
Toujours cruels, ils mettent leur puissance
Dans la fureur, dans l'inhumanité :
Sans toi, sans toi, leur rage abominable
Nous eut privé de nos représentans ;
Tu découvris leur projet exécrable,
Tu détournas la mort de tes enfans.
Tu vois nos cœurs pleins de reconnoissance,
Dieu bon, Dieu juste, approuve nos projets ;
Si nous avons recours à ta vengeance,
C'est qu'il s'agit de punir des forfaits.
Être suprême, accepte notre hommage,
Nos cœurs sont purs, ils sont dignes de toi,
Ne permets pas que l'infâme esclavage
Puisse jamais nous courber sous un roi.