Couplets chantés au temple de la Raison

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Huitains d'hexasyllabes en rimes croisées

Texte

Air : du Camp de Grand Pré

Quand le peuple sommeille,
Il est aux pieds des rois ;
Mais dès qu'il se réveille,
Il leur dicte des lois.
Fiers tyrans de la terre,
Dont l'orgueil osa tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Long-temps par votre audace,
Il se vit outragé ;
Sa patience est lasse,
Il faut qu'il soit vengé.
Fiers tyrans de la terre,
Dont l'orgueil osa tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Un despote osa dire :
Mon caprice est ma loi ;
La France est mon empire,
Le peuple est né pour moi :
Mais ce roi sanguinaire,
Dont l'orgueil osa tout,
Il dort dans la poussière,
Et son maître est debout.

De la philosophie
Le règne est arrivé ;
Sur ma triste patrie
Son soleil s'est levé ;
Le peuple enfin s'éclaire,
Tyrans, qui braviez tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Il luit sur la montagne,
Ce soleil radieux ;
L'éclat qui l'accompagne
A dessillé nos yeux ;
Tout le peuple s'éclaire.
Tyrans, qui braviez tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Cet astre plein de gloire
Annonce un double sort :
Aux peuples la victoire,
Aux despotes la mort.
Fiers tyrans de la terre,
Dont l'orgueil osa tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Pour les réduire en poudre,
On voit tout s'empresser ;
L'un va forger la foudre,
L'autre court la lancer.
Fiers tyrans de la terre,
Dont l'orgueil osa tout,
Rentrez dans la poussière,
Votre maître est debout.

Que le tonnerre gronde,
Et ne se taise plus
Que pour apprendre au monde,
Que les rois sont vaincus.
Fiers tyrans de la terre,
Dont l'orgueil osa tout,
Rentrez dans la poussière,
Les Français sont debout.

Que nul peuple ne craigne
Nos efforts, nos succès ;
Que l'égalité règne,
C'est le vœu des Français.
Et vous, rois de la terre,
Tyrans qui braviez tout,
Rentrez dans la poussière,
Vos maîtres sont debout.

Que par la race humaine,
Il ne soit plus porté
Que l'innocente chaîne
De la fraternité ;
Que les rois de la terre,
Les rois qui bravaient tout,
Restent dans la poussière,
Et les peuples debout !