Couplets chantés à la fête célébrée par les artistes, habitans du Palais national des sciences et des arts, et par les Sociétés philotechnique et des amis des arts, le 13 thermidor de l'an 6, jour de l'arrivée des monuments d'Italie au Muséum central
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Texte
Air : Du pas redoublé
Salut aux guerriers généreux,
Vainqueurs de l'Italie ;
Dont le bras enrichit ces lieux,
Des trésors du génie.
Bronzes, marbres, tableaux, talens ;
Tout parle de leur gloire :
Et chacun de ces monumens
Raconte une victoire.
L'éloquent vainqueur de Python,
Peu content du Saint-Père,
Auprès du Pape sans façon,
Bailloit au Belvédère ;
Tant de cardinaux beaux esprits
Lui donnoient la migraine,
Pour guérir, il vient à Paris
Respirer l'air d'Athènes.
Bonne & consolante Cérès !
Le pauvre te salue ;
Vous ! Minerve ! chez le Français
Soyez la bienvenue.
Bientôt, si sa légèreté
Un tant soit peu vous blesse,
Vous apprendrez que la gaieté
Est l'art de la sagesse.
Quant à la mère des Amours,
Elle vient toute nue
Et de cette absence d'atours,
La raison est connue :
Pouvoit-elle au souffle des vents
Dérober sa parure ?
Nos dames depuis si long-temps
Ont volé sa ceinture.
Je ne vois point parmi ces dieux
Mars, le dieu de la guerre,
De l'égalité, l'orgueilleux
A redouté la terre.
Je devine de cet ingrat
Les jalouses allarmes :
Ce dieu ne feroit qu'un soldat
Parmi nos frères d'armes.
Bien des gens par air, ou par goût,
Vantoient les neuf pucelles ;
Ils avaoient, disoient-ils, par-tout
Leurs faveurs éternelles.
Grâce à nos braves enfans,
Viennent ces immortelles,
Et nous verrons si leurs amans
Sont si bien avec elles.
Honneur au buste de Brutus !
Et gloire à ce grand homme !
Je lui réponds que nos vertus
Valent celles de Rome.
Jamais traître sur nos remparts
N'a versé l'infamie ;
On vit toujours le sang des arts,
Fidèle à la patrie.