Air : La victoire en chantant, etc…

La Paix de nos climats si long-tems exilée,
Revient enfin, chez les mortels ;
La paix descend du Ciel par nos vœux appelée ;
Courons encenser ses autels ;
Disparais, démon de la guerre,
Abreuvé de sang et de pleurs ;
Assez tu désolas la terre,
Porte loin de nous tes fureurs
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.

Ô Paix ! Ô douce Paix, en bienfaits si féconde !
Viens couronner tous ces guerriers,
Qui, pour te conquérir, et te donner au monde,
Ont moissoné tant de lauriers :
Sur la colonne triomphale,
Grave leurs noms et leurs hauts faits ;
Leur valeur, discorde infernale,
A mis un terme à tes forfaits :
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.

La mère ne craint plus que le destin des armes,
Enlève l'appui de ses jours ;
Et l'épouse sensible, écartant les alarmes,
Se livre sans crainte aux amours ;
Sous un ciel pur et sans nuages,
Vont renaître tous les plaisirs :
Dieu des combats, Dieu des orages,
Tu n'entendras plus nos soupirs :
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.

Les talens, les beaux arts et les vertus modestes,
Vont se ranimer sous ses yeux ;
Sortez regrets amers, sortez haines funestes,
Des cœurs, redevenus heureux :
La Paix sous son règne prospère,
Fait respecter la liberté.
Le despotisme sanguinaire,
Par la guerre fut enfanté :
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.

Que dans tes bras, ô Paix, l'univers se repose ;
Que tous les hommes soient amis :
Français, obéissez à la loi qu'elle impose ;
Soyez contens, soyez unis :
Londres, dans sa rage impuissante,
Du désespoir pousse les cris ;
Contre la France triomphante,
Que peut ce reste d'ennemis ?
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.

Et toi, génie heureux, que l'univers admire,
Poursuis, accomplis tes destins ;
Des lois et de la Paix consolide l'empire,
Et sois le plus grand des humains.
Verse le bonheur sur la terre,
Et dans les abymes profonds,
Plonge le démon de la guerre,
Et le démon des factions :
La Paix rayonnante de gloire,
Offense tes regards jaloux ;
Mais sur le char de la victoire,
Elle se rit de ton courroux.