Deux assignats (Les)

Auteur(s)

Année de composition

1792

Genre poétique

Description

Mots-clés

Musique

Paratexte

Texte

Un assignat de cent pistoles,
Fier du rang qu'il tenait chez un agioteur,
À celui de cent sous, d'un air un peu railleur,
Adressait ces dures paroles :
Que viens-tu faire ici, mirmidon mal timbré ?
Retire-toi, penses-tu qu'on t'accueille ?
Vas te cacher bien vite au fond du portefeuille
D'un malheureux commis ou d'un pauvre curé.
Mais, reprit le pauvret, c'est la même fougère,
La même absolument, qui tous deux nous forma :
La même main nous imprima
Les mêmes traits, le même caractère,
Et quelques zéros près : éclaircissons l'affaire.
De mes petits succès tu dois être jaloux :
On t'évite, on me cherche ; on te craint, on m'espère :
Tu n'es utile, enfin, qu'en devenant mon père.
La différence est grande, à vrai dire, entre nous :
Tu fais le bien d'un seul, je fais celui de tous.

 
 

Sources

Almanach des Muses de 1793, ou Choix des poésies fugitives de 1792, Paris, Delalain, 1793, p. 71.