On dit que le dédain froid et silencieux
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Texte
On dit que le dédain froid et silencieux
Devint une ardente colère,
Lorsque le Moniteur vous eut mis sous les yeux
Le sot fatras du sot Barère ;
Qu'au Phœbus convulsif de l'ignare pédant,
De honte et de terreur troublées,
Votre front se souvint de ce Thrace impudent,
Qui vous eut toutes violées.
On dit plus : mais je sais combien chez nos plaisants
Grâce, pucelage, et faconde,
Exposent une belle à des bruits médisants :
Ils veulent que sur cette immonde
Vous ayez, mais tout bas, aux effroyables sons
D'apostrophes trop masculines,
Joint pied-plat, gredin, cuistre, et d'autres maudissons,
Peu faits pour vos lèvres divines ;
Dignes de lui, d'accord ; mais indignes de vous.
Ces gens n'ont point votre langage ;
N'apprenez point le leur. Un ignoble courroux
Justifie un ignoble outrage.
Sources
CHÉNIER André, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1950, p. 189.