Quel étrange gouvernement !
La vertu du matin du soir était le crime,
Et chacun devenait, sans trop savoir comment,
Juge, accusé, bourreau, victime.
Plus de justice, plus de lois.
Dans des sociétés, soi-disant populaires,
Siégeaient de redoutables rois
Qui partageaient nos biens, en nous appelant frères.
Y proférait-on quelques mots
De vertu, de raison, de saine politique !…
À bas, à bas ! Crient les sots !
Il ne faut point d'esprit dans une république.
L'ignorance régnait, unie à la terreur ;
Rien n'était épargné, ni le sexe, ni l'âge,
Ni l'innocence, ni l'erreur :
Partout des échafauds, et partout le carnage…
Tel était le Français hier.
Mais il a reconquis sa liberté perdue :
On l'a vu, vertueux et fier,
Terrasser les tyrans, briser leur joug de fer,
Et de l'humanité relever la statue.
Libre de penser et d'agir,
Son âme n'a plus rien qui la trouble, l'enchaîne.
La raison peut en paix préparer l'avenir,
Et du bonheur public féconder le domaine.
Le commerce, les arts ne sont plus sans appui ;
Le bon esprit sourit à la philosophie…
Tel est le Français aujourd'hui.
Mais quel bonheur t'attend, ô France, ô ma patrie !
Je te prédis le plus brillant destin,
Si tu veux te hâter d'achever ton ouvrage :
Restaurateur du genre humain,
Modèle de talents, de bonté, de courage,
Tel sera le Français demain.