Hymne aux guerriers de la République

Auteur(s)

Année de composition

v. 1793

Genre poétique

Description

Texte

Ministres de la renommée,
Pas un seul d'entre vous dont l'immortelle voix
Soutienne, au sein de notre armée,
Le guerrier qui dompte les rois.

Portez aux guerriers de la France
Le code de l'humanité ;
Détachez quelque fleur, si douce en espérance,
De l'arbre de la liberté.

Francs guerriers de la République,
Déchaînez le Lion belgique,
Réveillez les fiers Léopards !
De l'Europe et de l'Amérique
Voyez ensemble unis flotter les étendards ;
Et de la royauté tous les membres épars.

Que les rives du Rhin, que la Meuse et la Sambre
Disent aux nations vos exploits glorieux.
Ici, nous flétrirons les Héros de septembre ;
J'étoufferai leurs cris séditieux.

Libérateurs du monde, ô fils de la Victoire ;
Je briserai, des rois le dernier instrument ;
Et j'inscrirai vos noms au temple de Mémoire ;
Vos lauriers fleuriront sous la main de l'Histoire.
Ce que j'écris dure éternellement.

Les sublimes accens du chantre de la Grèce
Donnèrent tant d'éclat, Achille, à ta jeunesse,
Qu'Achille encor superbe et le rival de Mars,
Des rayons de sa gloire éblouit nos regards.

Les traits de l'Ouvrier qui forgeoit le tonnerre,
Les eaux du Styx où le plongea sa mère,
Ni le bouclier de Vulcain
N'ont pu le garantir des arrêts du destin.

Mais un cœur généreux, le Dieu que j'aime à croire,
Qui du grand homme éteint rallume le flambeau,
Dans les ténèbres du tombeau,
Alla chercher Achille avec sa gloire.

Ce faisceau de guerriers, qui punit, à la fois,
Tous vos prêtres et tous vos rois,
Vos esclaves et le parjure ;
Qui rend l'Homme à son cœur et l'Homme à la Nature,
De la nation libre affermissant les droits,
Qui venge la justice et l'amour et ses loix,
Ou l'abandonne à des furies !
Ma République… tu l'oublies !

Périssent les ingrats et leur férocité !
Non, tu ne mourras point. Malgré les noirs orages,
Dans le sein de la Vérité,
Le grand homme vainqueur, repose en sûreté,
Au-dessus du torrent des âges.

 
 

Sources

BNF, Ye 10259 (Poésies, Paris, Imprimerie du Cercle social, 1793, p. 183-184).