Hymne du combat / Dévouement de la première réquisition
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Paratexte
Texte
Musique de Cherubini
Où sont-ils ces rois, dont la haine
Menaçait nos champs désolés ?
Mon œil les demande à la plaine :
Comme l'onde ils sont écoulés.
Pleins de l'horreur qui les inspire,
Ils rêvaient, dans leur vain délire,
Paris de meurtres ruisselant.
Mort aux ennemis de la France !
Le sommeil fuit, le jour s'avance,
Et le réveil sera sanglant.
Marchez, fiers enfans de la guerre !
Que rien ne borne votre essor :
Marchez ! Tant qu'il lui reste à faire,
Le Français n'a rien fait encor.
Entendez-vous ces cris de joie
Se répondre de tout côté ?
Déjà sur les monts se déploie
L'étendard de la liberté.
Du haut des Alpes étonnées,
Jusques au fond des Pyrénées,
La terre s'émeut à nos voix ;
Et dans sa course fugitive,
Suspendant son onde attentive,
Le Tibre a tressailli trois fois.
Marchez ! Tant qu'il lui reste à faire,
Le Français n'a rien fait encor.
C'en est fait : le Ciel se déclare,
L'éclair précurseur a brillé ;
La chûte des rois se prépare :
Sous leurs pieds la terre a tremblé.
C'est en vain, que près du naufrage,
Ils se débattent dans leur rage,
L'arrêt des destins est porté :
Et leur supplice qui commence
Doit d'une longue indifférence
Absoudre la divinité.
Marchez, fiers enfans de la guerre !
Que rien ne borne votre essor :
Marchez ! Tant qu'il lui reste à faire,
Le Français n'a rien fait encor.
Et nous, posant les saintes armes
Que nous remit la Liberté,
En paix nous goûterons les charmes
D'une douce fraternité.
Mais où m'égare mon délire ?
La charge sonne ! … et de ma lyre
Les sons amolliraient les cœurs ! …
Lâche, qui regarde en arrière,
Ce n'est qu'au bout de la carrière :
Que le prix attend les vainqueurs.
Marchez, fiers enfans de la guerre !
Que rien ne borne votre essor :
Marchez ! Tant qu'il lui reste à faire,
Le Français n'a rien fait encor.