Hymne pour la fête de la Vieillesse du 10 fructidor

Auteur(s)

Année de composition

1799

Genre poétique

Description

Mots-clés

Paratexte

Texte

Musique de Lesueur

Chœur :

Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Ce jour est le jour des vainqueurs.
Je les vois, couverts de poussière,
Au bout d'une longue carrière,
Porter leurs pas triomphateurs.
Loin d'eux, oubliant sur l'arène
Le rival faible et sans haleine
Qu'engourdit un honteux repos,
Je les vois, athlètes robustes,
Présenter leurs têtes augustes
À la couronne des héros.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Ce n'est pas par d'obscurs combats,
Par des triomphes inutiles,
Qu'amoureux de palmes stériles,
On les vit signaler leur bras.
Dans les cœurs fondant leur mémoire,
Et moins ambitieux de gloire
Qu'ambitieux d'utilité,
C'est à d'innombrables services,
C'est à d'éclatants sacrifices
Qu'ils ont dû l'immortalité.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Voyez-vous de ces vieux soldats
Et les rides et les blessures ?
Révérons ces nobles injures
De la vieillesse et des combats
De ces martyrs de la victoire
Que les annales de l'Histoire
Redisent les nombreux travaux ;
Et puisse leur fertile exemple,
Dans la foule qui les contemple
Leur créer de jeunes rivaux.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

À notre hommage il a des droits,
Ce législateur vénérable,
Dont la sagesse inaltérable
A fait et défendu nos loix.
Vrai stoïque, dont le courage,
Par plus d'un effroyable orage
N'a pas été déconcerté ;
Vrai citoyen, dont le génie,
Sous le fer de la tyrannie
N'abjura pas la liberté.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Voici le juge bienfaisant,
Vieilli dans ce saint ministère.
Des malheureux il fut le père ;
Il fut l'appui de l'innocent.
Sans pesanteur dans sa balance,
Les vains trésors de l'opulence
Ne l'on point fait prévarique ;
Et, toujours formidable au vice,
On lui vit rendre la justice
Comme on la lui voit pratiquer.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Salut, patriarches des champs !
Salut à vous, à vos compagnes !
Vous fécondâtes nos campagnes.
Qu'aujourd'hui couvrent vos enfants.
Le Ciel à vos humbles chaumières,
Asile des vertus premières,
Attacha toujours ses faveurs ;
Par vous il répand l'abondance,
Par vous il a peuplé la France
De soldats et de laboureurs.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

De lauriers couvrons ces vieillards
Qui, blanchis par d'utiles veilles,
Ont de leurs savantes merveilles,
Illustré la France et les arts !
Peuples ! Que votre gratitude
Accorde aux efforts de l'étude
Le seul prix fait pour la tenter ;
Comme la gloire il doit s'étendre
Au brave qui sait vous défendre,
Au barde qui sait vous chanter.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Honorons ceux dont le talent
Donne un corps à la renommée,
Par eux, sur la toile animée,
Le passé devient le présent.
Honorons ces rivaux d'Orphée,
Par qui notre audace échauffée
Aux rois a tant coûté de pleurs.
Honorons ceux dont le génie,
Parmi les ronces de la vie,
Nous fait rencontrer quelques fleurs.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !

Longtemps, ô mortels fortunés,
Jouissez encore des hommages
Qu'à la vieillesse de nos sages
Un saint respect a décernés !
Longtemps, au sein de vos familles,
Puissiez-vous des fils de vos filles,
Occuper les soins et l'amour !
Puisse enfin cette nuit dernière,
Qui fermera votre paupière,
Répondre au soir du plus beau jour.
Gloire au front vénérable, à la tête chérie,
Consacrés par des cheveux blancs !
Honneur à qui vécut longtemps
Pour sa famille et sa patrie !