Hymne sur l'enfance
Mots-clés
Paratexte
Pour la fête du 10 thermidor
Texte
Que d'un délire pindarique
Un autre éprouvant les transports,
Frappe les cœurs, par ses accords,
D'un enthousiasme électrique !
Qu'il célèbre les grands exploits,
Dans les sons pompeux qu'il cadence !
Moi, si j'ose élever la voix,
C'est pour chanter l'aimable enfance.
Espoir naissant de la patrie !
Approchez-vous, jeunes enfants,
Et de vos jeux intéressants,
Récréez ma vue attendrie.
Nous envions à nos aïeux
L'âge antique de l'innocence :
Je crois vivre en ces temps heureux,
Quand je vois les mœurs de l'enfance.
Chers enfants ! Par le fanatisme,
Vous ne serez point abrutis ;
Vos pères vous ont garantis
Des fers honteux du despotisme.
Les guerriers, les législateurs,
Appuis et flambeaux de la France,
Voilà les premiers précepteurs
Que nous présentons à l'enfance.
Vous qui d'un courage héroïque
Déployant l'intrépidité,
À treize ans avez mérité
Les regrets de la République ;
Nos jeunes fils, à votre nom,
Sentiront croître leur vaillance :
Et vous serez, au Panthéon,
Offerts au culte de l'enfance.
Et vous, élèves de la guerre !
Souvenez-vous de ces héros,
Quand vous irez sous nos drapeaux,
Lancer ou braver le tonnerre.
Imitez-les au champ d'honneur,
Et vous montrerez à la France,
Que la couronne du vainqueur
Peut briller au front de l'enfance.
Un monstre, horreur de la Nature,
Un hypocrite au cœur d'airain,
Sur des traces de sang humain
S'avançait à la dictature.
Héros naissants ! Quand le Sénat
Le dépouilla de sa puissance,
Pour la reprendre avec éclat,
Il voulut armer votre enfance.
Mais l'Éternel contre le crime
De son bras nous prête l'appui ;
Le tyran abattu par lui
Du faîte est tombé dans l'abîme.
Enfants, levez la main au ciel !
Rendez grâce à la Providence,
Qui des pièges de ce Cromwell
Préserva votre heureuse enfance !