Hymnes chantés le jour de la seconde décade de brumaire an 2 de la République française, pour l'inauguration des bustes de Lepelletier et Marat

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Texte

Première station,

Place des Piques

À Lepelletier

Air : Que ne suis-je la Fougère

Chœur :

Français qui trouvez des charmes
À rendre hommage aux vertus,
Comme nous versez des larmes,
Pleurez, Pelletier n'est plus :

Percé d'un fer homicide
Il descend dans le tombeau ;
La rage liberticide
Produit ce crime nouveau.

Coryphées :

Avec un vrai stoïcisme
Il sut remplir son devoir,
Et du cruel despotisme
Renverser le fol espoir.
Prenons le tous pour modèle,
Et bientôt notre pays
Se verra, par notre zèle,
Purgé de ses ennemis.

Chœur :

Français qui trouvez des charmes
À rendre hommage aux vertus,
Comme nous versez des larmes,
Pleurez, Pelletier n'est plus :

Percé d'un fer homicide
Il descend dans le tombeau ;
La rage liberticide
Produit ce crime nouveau.

Coryphées :

Fermant l'œil à la lumière,
Martyr de la liberté,
Il fait la France héritière
D'un plan par son cœur dicté.
De son pays qu'il adore,
C'est peu de combler les vœux,
Il sait préparer encore
Le bonheur de nos neveux.

Chœur :

Français qui trouvez des charmes
À rendre hommage aux vertus,
Comme nous versez des larmes,
Pleurez, Pelletier n'est plus :

                                                                                                   


Seconde station,

Place de la Réunion

À Marat

Air : Sortez de vos retraites

Chœur :

Formons des chants funèbres,
Donnons cours à nos pleurs :
Dans la nuit des ténèbres,
Marat gît, ô douleurs !

Ennemi des despotes,
Peuple qu'il a chéri,
Pleurez, vrais patriotes,
Vous perdez un ami.

Coryphées :

Républicain austère,
Pour nous tous il veillait ;
La vérité sévère
De sa bouche sortait ;
Ne pouvant le séduire,
D'intrigans un essaim,
Prirent, pour le détruire,
Le bras d'un assassin.

Chœur :

Formons des chants funèbres,
Donnons cours à nos pleurs :
Dans la nuit des ténèbres,
Marat gît, ô douleurs !

Ennemi des despotes,
Peuple qu'il a chéri,
Pleurez, vrais patriotes,
Vous perdez un ami.

Coryphées :

Portant au Capitole
Sa mâle fermeté,
Il eut pour toute idole
La sainte Liberté ;
À la fortune altière
Préférant l'équité,
Il quitta la lumière,
Pauvre, mais regretté.

Chœur :

Formons des chants funèbres,
Donnons cours à nos pleurs :
Dans la nuit des ténèbres,
Marat gît, ô douleurs !

Par le Citoyen Joigny

                                                                                                   


Troisième station,

À l'arc de triomphe, sur le Boulevard

Hymne aux citoyens morts pour la patrie

Restes chéris des citoyens guerriers
Qui soutenaient l'éclat de la cause publique,
Victimes des agens du pouvoir despotique,
Je dépose sur vous les palmes, les lauriers
Que vous offre la République.
De respect, d'admiration,
Le cœur attendri, l'âme émue,
Au nom de notre nation,
Restes sacres ! Je vous salue.

Intrépides soldats, braves républicains,
Illustres morts, que vos destins
Sont brillans, sont dignes d'envie !
Martyrs de la vengeance et de la cruauté,
De votre sang, de votre vie,
Vous avez cimenté l'auguste Liberté !
Celui qui meurt pour sa patrie,
Renaît pour l'immortalité.

Par le Citoyen Moline, l'un des secrétaires-rédacteurs à la Convention nationale