Ils croyaient se cacher dans leur bassesse obscure…

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Alexandrins et octosyllabes alternant en rimes croisées

Mots-clés

Paratexte

Texte

Ils croyaient se cacher dans leur bassesse obscure…
.....................................................
Sur ses pieds inégaux l'épode vengeresse
Saura les atteindre pourtant.
Diamant ceint d'azur, Paros, œil de la Grèce,
De l'onde Égée astre éclatant,
Dans tes flancs où Nature est sans cesse à l'ouvrage,
Pour le ciseaux laborieux
Vit et blanchit le marbre illustre de l'image
Et des grands hommes et des Dieux.
Mais pour graver aussi la honte ineffaçable,
Paros de l'ïambe acéré
Aiguisa le burin brûlant, impérissable.
Fils d'Archiloque, fier André,
Ne détends point ton arc, fléau de l'imposture.
Que des passants pleins de tes vers,
Les siècles, l'avenir, que toute la nature
Crie à l'aspect de ces pervers :
Hou, les vils scélérats ! Les monstres, les infâmes !
De vol, de massacres nourris,
Noirs ivrognes de sang, lâches bourreaux des femmes
Qui n'égorgent point leurs maris ;
Du fils tendre et pieux ; et du malheureux père
Pleurant son fils assassiné ;
Du frère qui n'a point laissé mourir dans la misère
Périr son frère abandonné.
Vous n'avez qu'une vie… ô vampires…
Et vous n'expierez qu'une fois
Tant de morts et de pleurs, de cendres, de décombres,
Qui contre vous lèvent la voix ! 

 
 

Sources



CHÉNIER André, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1950, p. 189-190.