Insurrection du peuple français contre les tyrans

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Dizains d'octosyllabes terminés par deux alexandrins

Texte

Air : Allons enfans de la patrie

Vainqueur de l'hydre tyrannique,
Peuple, souverain redouté !
Le vaisseau de la République
Est plus que jamais agité ;
Des tyrans la ligue terrible
Redouble ses affreux succès,
Et nous, guerriers froids et muets,
Nous dormons d'un sommeil paisible !
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

De leurs parricides cohortes,
Nos cités, nos champs sont couverts,
Les voilà qui sont à nos portes,
Ils donnent la mort ou des fers ;
Le Nord, souillé de leur présence,
Atteste leur atrocité ;
Si ce torrent n'est arrêté,
Plus de Liberté, plus de France !
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Du haut de la sainte Montagne,
Qu'au loin s'élancent des volcans,
Qui d'Italie et d'Allemagne
Brûlent les trônes chancellans ;
Qu'ils pulvérisent les despotes
De Londres, Madrid et Berlin ;
Que le monde, pour souverain,
N'ait qu'un peuple de sans-culottes !
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

C'est peu de purger la frontière
De ces esclaves forcenés,
Il faut purger la terre entière
De tous les tigres couronnés ;
Il faut anéantir la race
Des cannibales conquérans ;
Du souvenir de ces brigands
Que rien ne conserve la trace !
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Sans la liberté, qu'est la vie ?
Un long, un pénible trépas ;
Et sans l'amour de la patrie,
Que sont les plus vastes États ?
Un bois, où des monstres sauvages
S'enivrent du sang des humains,
Et nous tomberions dans les mains
De ces monstres anthropophages !
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Fanatiques de la Vendée,
Et toi déplorable Lyon,
Voyez l'affreuse destinée
D'une aveugle rebellion ;
La République vous invite
Au partage de ses lauriers,
Accourez, ou sur vos foyers
Le peuple entier se précipite.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Souvent on a juré, sans gloire,
Ou la mort, ou la liberté ;
Ne jurons plus que la victoire,
C'est jurer l'immortalité ;
Du Tanaïs aux bords du Tibre,
Tout imitera ce serment,
Pour le monde entier renaissant,
Être debout, c'est être libre.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

À nos côtés s'il marche un traître,
Qui recule au bruit du canon,
Parmi nous s'il ose paraître
Un soldat de Pitt, de Bourbon,
Qu'à l'instant l'infâme périsse !
Les traîtres sont trop pardonnés ;
Par eux vendus, assassinés,
Faut-il leur être encor propice ?
Non, non, républicains, allons tous à la fois,
Sachons (bis) exterminer les traîtres et les rois.

Guerriers, soutiens de la patrie,
Des tyrans illustres fléaux,
Vous qu'une horrible perfidie
Mit sous le fer de ces bourreaux,
N'accusez, plus notre indolence
À profiter de vos leçons ;
Nous l'avons juré, nous partons
Pour le triomphe et la vengeance.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Oui, la victoire impatiente,
Amis, nous appelle aux combats,
Sous la Montagne triomphante,
Titres vains, autel, trône à bas !
La loi, voilà le diadème
D'un peuple libre et généreux,
La liberté, voilà ses dieux,
Et sa grandeur est dans lui-même.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

Fils des Gaulois, race d'Alcide,
Au combat volez les premiers !
Vous allez, jeunesse intrépide,
Les premiers cueillir des lauriers ;
C'est pour vous que brille l'aurore
Des bienfaits de la liberté,
Surtout le globe racheté,
C'est par vous qu'elle doit éclore.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.

De toutes parts le tocsin sonne,
Hâtons-nous de nous réunir ;
Se montrer aux champs de Bellonne
Ce sera vaincre et revenir ;
Dès lors plus de rois, plus de guerre ;
Le monde affranchi pour jamais
Jouit d'une éternelle paix ;
C'est un paradis que la terre.
Debout, républicains ! Allons tous à la fois,
Allons (bis) exterminer jusqu'au dernier des rois.