Invocation à l'Être suprême

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Texte

Un François :

Être infini, puissant et sage,
Qui d'un mot créas l'univers,
Paroît… anime nos concerts,
Viens seconder notre courage !

Un autre :

Être infini, puissant et sage,
Qui d'un mot créas l'univers,
Paroît enfin… du haut des airs
Jete les yeux sur ton ouvrage !

Un autre :

Être infini, puissant et sage,
De ce monde éternel auteur,
Dieu de la paix et du bonheur,
Rends heureuse ta vive image !

Un autre :

Si le bonheur fait pour le sage
Habite les paisibles cieux,
Le malheur jeté si loin d'eux,
De ce globe est-il partage ?

Un autre :

Les cieux se voilent ! Quel présage !…
À nos vœux quoi rien ne répond !…
Mais qui s'avance ?… La Raison.
Écoutons, elle parle au sage :

La Raison à un sage :

D'un monde hier créé, la HAUTE INTELLIGENCE
Médite aujourd'hui les accords :
Demain, plein d'harmonie, au milieu des transports
De la juste reconnoissance,
Le globe, du Grand Être attestant la puissance
Produira les riches trésors
Et la Bonté réserve à l'humaine indigence
Consolant la vive douleur,
L'Être infini, puissant et sage
Dont l'esprit orgueilleux, abusé par l'erreur,
Ne peut avoir l'idée, et croit être l'image,
Le Dieu toujours caché qui n'est vu que du cœur,
Mais qui frapant les yeux par son divin ouvrage
Force d'en adorer l'auteur,
Demain éclaircira le ténébreux nuage
Dont il a voilé sa splendeur.

Au Français qui vient de parler
le dernier des V.

Home ton libre et pur homage
Est agréable au Créateur :
L'Espérance aujourd'hui te montre le bonheur,
Demain il sera ton partage :
Mortel impatient que veux-tu davantage ?
Attends ; adore en paix le tout-puissant moteur
Que ta vertu soit ton homage ;
Le vrai Dieu ne veut point de sacrificateur,
D'autel, d'offrandes, de prière.
Que sous tes vains présens auprès de sa grandeur ?
De ce globe de feu dont la vive lumière
En éclairant tes yeux fait baisser ta paupière
Le plus ardent adorateur
Pourroit-il augmenter l'étonante splendeur ?

Aux assitans :

Humains ! Faibles humains ! La bonté, la justice,
La fraternité, la douceur,
Pour le tout-puissant Créateur
Sont le plus digne sacrifice.

Au François :

Home, veux-tu que Dieu te soit un jour propice ?
Sois toujours juste, et toujours bon.

Au sage :

Toi qui suis toujours la Raison
Et non le feu trompeur du mobile caprice
Répète au monde entier l'éternelle leçon
De bienfaisance et de justice.

Le sage :

Home, sois juste et bon ; Dieu te sera propice
En luttant contre le malheur
Que ta vertu naissante aujourd'hui s'affermisse.
Il faudra que demain ce rude choc finisse ;
C'est demain le jour de bonheur.

Que le crime partout redoute la puissance
Du François libre et vertueux !
Que la Terre demain soit l'égale des cieux !
Que demain les mortels nés tous pour être heureux
Soient heureux par la bienfaisance !

Chœur de François :

Que le crime partout redoute la puissance
Du François libre et vertueux !
Que la Terre demain soit l'égale des cieux !
Que demain les mortels nés tous pour être heureux
Soient heureux par la bienfaisance !

Le sage :

Enfans, un libre et pur homage
Est agréable au Créateur.
Un Dieu qui n'est vu que du cœur
Sous tes yeux a mis son ouvrage.

Jeune home, un libre et pur homage
Est agréable au Créateur.
Le Dieu qui n'est vu que du cœur
Tu l'adores dans son ouvrage.

Le vieillard :

Oui, frère, un libre et pur homage
Est agréable au Créateur.
Le Dieu qui n'est vu que du cœur
je l'adore dans son ouvrage.

Un jeune home :

Si notre libre et pur homage
Est agréable au Créateur,
Loin de nous le prêtre menteur
Il livre l'home à l'esclavage.

Un autre :

Périssent les rois et leur rage !
Vive la douce Égalité !
Vive l'auguste Liberté !
Du Très-haut c'est le digne ouvrage.

Enfans, homes, vieillards & un chœur :

Périssent les rois et leur rage !
Vive la douce Égalité !
Vive l'auguste Liberté !
Du Très-haut c'est le digne ouvrage.

 
 

Sources

AN, F17 1010A.