Ode sur la guerre de la liberté
Auteur(s)
Mots-clés
Paratexte
Texte
Nymphes des monts et des forêts,
Prolongez le cri de la guerre.
Honneur, gloire, triomphe, aux armes des Français !
Malheur aux tyrans de la terre !
Ces cris généreux ont volé
De la Baltique aux bords du Tibre ;
Des rois usurpateurs le trône est ébranlé ;
L'Europe a besoin d'être libre !
Douce Égalité, sous nos yeux,
Prépare tes festins prospères ;
Et vous ! Peuples amis, conviés par les cieux
Venez aux banquets de vos frères.
Ô Rome, recompose-toi
Parmi tes tribus rassemblées !
Relève tes remparts, cité d'un peuple roi,
Éparse au sein des mausolées !
Mânes des Catons, des Brutus,
Revendiquez Rome usurpée ;
Ouvrez-vous, grands tombeaux où dorment les Gracchus ;
Revivez,Émile et Pompée !
Rendez-nous l'antique splendeur
De vos vertus républicaines ;
Que la triple tiare, abaissant sa grandeur,
Tombe aux pieds des armes romaines !
Et vous, Germains, réveillez-vous ;
Au nom de nos communs ancêtres,
Redevenez des Francs, et brisez avec nous
Le joug de vos orgueilleux maîtres !
Levez-vous ; ce n'est qu'aux tyrans
À redouter nos mains guerrières :
Nos mains portent l'effroi dans le palais des grands,
La liberté dans les chaumières.
À l'acier opposez l'acier ;
Que la voix des combats décide ;
Dans vos robustes mains que le soc nourricier
Soit un glaive tyrannicide !
Le riche fuit l'Égalité
Au sein de son vaste héritage ;
Le pauvre avec ardeur chérit la Liberté :
Elle est le seul bien qu'il partage.
Ainsi l'on vit s'humilier
L'Autriche et sa vaine puissance,
Quand d'Egmont et Nassau couraient se rallier
Sous le drapeau de l'indigence.
Tels, sous Wasa, ces conquérans
Vengeurs de la Suède avilie,
Guerriers cultivateurs, descendaient par torrens
Des monts de la Dalécarlie.
Tel, en des jours encor plus beaux,
S'élevait, sous des mains rustiques,
Ce chêne audacieux dont les treize rameaux
Ombrageaient les monts helvétiques.