Poëme à mettre en musique, pour être exécuté dans une fête civique

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Paratexte

Présenté au Comité d'Instruction publique de la Convention nationale

Texte

Grand chœur :

Inspire, Être éternel les chantres de la France ;
Que réunis en ta présence,
Égaux, libres et triomphans,
Aujourd'hui tes heureux enfans
Célèbrent tes bienfaits et leur reconnaissance.

Chœur de pères de famille :

Les tems sont donc arrivés !
Les destins les plus prospères
À nos fils sont réservés :
Ah ! Qu'il est doux d'être pères !

Chœur de mères de famille :

Terre de la Liberté,
Comme toi, nous sommes fières
De notre fécondité :
Ah ! Qu'il est doux d'être mères !

Ensemble :
Chœur des pères :
Chœur des mères :
Ah ! Qu'il est doux d'être pères !
Ah ! Qu'il est doux d'être mères !

Chœur de jeunes garçons :

Nés sous le sceptre des tyrans,
De notre Liberté chérie
Bénissons les fiers conquérans ;
Et promettons à la patrie
D'en être les fermes soutiens ;
Loin de nous d'ignobles entraves ;
Plutôt que de vivre en esclaves,
Nous mourrons tous en citoyens.

Chœur de jeunes filles :

Souvent, au mépris de nos droits,
Pour le malheur nous étions nées,
Sous les plus tyranniques lois ;
Mais de nouvelles destinées
Nous promettent de doux lieux ;
Loin de nous d'antiques entraves ;
Nous ne vivrons point en esclaves
Avec des époux citoyens.

Ensemble :
Chœur de jeunes garçons :
Chœur de jeunes filles :
Loin de nous d'ignobles entraves.
Loin de nous d'antiques entraves.

Grand chœur :

Tous les biens qui nous sont offerts
De nos législateurs sont l'immortel ouvrage.
Gloire, honneur au génie, aux vertus, au courage
Par qui furent brisés nos fers !

Qu'à la face de l'univers
Leur soit rendu ce juste hommage ;
Et que nos neveux, d'âge en âge,
Le transmettent dans leurs concerts.

Tous les biens qui nous sont offerts
De nos législateurs sont l'immortel ouvrage.
Gloire, honneur au génie, aux vertus, au courage
Par qui furent brisés nos fers !

Une mère, seule :

Un fils, mon unique espérance,
Brûlant d'exercer sa vaillance,
Au signal des combats,
S'échappe de mes bras.
Je l'appelle, il s'arrête… Excusez ma faiblesse,
J'étais mère, et croyais de sa tendre jeunesse
Devoir calmer le premier feu ;
Je le rappelle, il vient… C'est pour me dire adieu !

Un père, seul :

Banissons ces lâches allarmes ;
Mon fils aussi combat au champ d'honneur ;
Au cri de la patrie il a saisi ses armes :
Avec transports j'ai vu sa noble ardeur.
Il m'en souvient, quand la trompette
Frappa, dans nos foyers, son oreille inquiète,
Je l'observais, et s'il eut balancé,
De mon sein paternel je l'aurais repoussé.

La mère, seule :

Ô ! Mon fils, mon cher fils, en servant ta patrie,
Garde-toi d'oublier qu'une mère chérie
N'a que toi pour soutien.
Digne d'être français, rapporte ton épée,
Dans le sang ennemi trop justement trempée,
Mais épargne le tien.

Le père, seul :

Ô ! Mon fils, mon cher fils, quand ma vieillesse envie
La gloire qui t'attend, en servant ta patrie,
Connaîtrais-je l'effroi ?
Non ; vertueux soutien d'une cause aussi belle,
Tu reviendras vainqueur, ou tu mourras fidèle,
Toujours digne de moi.

Un jeune garçon, seul :

Entendez-vous, amis, les cris de la victoire ?
De quels honneurs nos frères vont jouir !
Ah ! Courons partager, dans les champs de la gloire,
Les civiques lauriers qui restent à cueillir.

Quel spectacle se présente !
De la France triomphante
Les innombrables exploits ;
Des esclaves et des rois
L'universelle épouvante ;
Les nations, dans l'attente,
Près de conquérir leurs droits ;
Et la terre impatiente,
Voyant l'aurore naissante
Du règne sacré des lois.

Chœur de jeunes garçons :

Entendez-vous, amis, les cris de la victoire ?
De quels honneurs nos frères vont jouir !
Ah ! Courons partager, dans les champs de la gloire,
Les civiques lauriers qui restent à cueillir.

Une jeune fille, seule :

Courez, volez ; la gloire vous appelle,
Jeunes guerriers, servez votre pays.
Croyez que notre cœur vous restera fidèle ;
Du courage il sera le prix.

Avec confiance,
Pendant votre absence,
Nous cultiverons
Les fleurs que, d'avance,
La reconnaissance
Offre à la vaillance,
Et que sur vos fronts,
Aux yeux de la France,
Nous attacherons.

Chœur de jeunes filles :

Courez, volez ; la gloire vous appelle,
Jeunes guerriers, servez votre pays.
Croyez que notre cœur vous restera fidèle ;
Du courage il sera le prix.

Grand chœur :

Être incréé, céleste providence,
Espoir de l'homme libre & l'effroi des tyrans,
Daigne, grand Dieu, daigne de ta clémence
Perpétuer dans la France
Tes augustes monumens.

L'univers est rempli des traits de ta puissance ;
Mais pour nous et pour nos enfans
Tu réservais depuis longtems
Les trésors de ta bienfaisance ;
Et le don de la Liberté
Semble, en signalant ta bonté,
Épuiser ta magnificence.

Être incréé, céleste providence,
Espoir de l'homme libre & l'effroi des tyrans,
Daigne, grand Dieu, daigne de ta clémence
Perpétuer dans la France
Tes augustes monumens.

 
 

Sources

AN, F17 1010D.