Progrès des arts dans la République (Le)
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Lorsque d'une assemblée
Il faut parler souvent, et plus souvent se taire ;
Ne rien dire de trop ; du sage est la vertu,
J'espère le prouver dans ces vers impromptu
Que ma muse légère, au gré de son caprice,
Va deux à deux ranger sans beaucoup d'artifice.
À quoi me serviraient ces chants ambitieux
Qui partant de très bas pour monter dans les cieux,
Prennent pompeusement un essor gigantesque ?
L'exagération est la sœur du burlesque,
Et la simplicité vaut mieux qu'un vain éclat.
La Fontaine est charmant, Ronsard est froid et plat.
Lorsqu'auprès d'un bureau, peu voisin du Permesse,
Je rédigeais des lois que dicta la sagesse,
Deux artistes fameux, vinrent un beau matin
Me prier d'éclairer leur esprit incertain
Et, tous deux peu d'accord sur un grave chapitre
Daignent, dans leurs débats, me choisir pour arbitre.
Le premier, de Guillot portait jadis le nom ;
Mais il l'a remplacé par celui de Caton
Et de, ce grand Romain il croit être l'émule.
Laissant à son rival un orgueil ridicule,
L'autre s'appelle Jean : sans en être confus,
Et, ne veut rien devoir qu'à ses propres vertus.
Votre âme de douleur n'est-elle pas saisie,
Me dit monsieur Caton ? L'auguste poësie
Voit son éclat s'éteindre et pâlir ses attraits.
Le temple de mémoire est chargé de cyprès,
Les beaux-arts sont en deuil, les muses sont muettes,
Et le peintre est forcé de briser ses palettes.
Des enfans d'Apollon, mornes, silencieux
On n'entend plus les chants retentir jusqu'aux cieux ;
Thalie et Melpomène au sommeil sont livrées.
Des modernes Xeuxis, faibles, décolorées,
Les toiles n'offrent plus qu'un vernis imposteur
Qui ne dit rien aux sens, ne parle point au cœur
Et l'oreille et les yeux restent sans exercice.
Pour vos pareils et vous n'est-ce pas un supplice ?
La révolution a tué les talens,
Ces flambeaux de l'esprit jadis étincelans
Ne jettent plus hélas ! qu'une faible lumière ;
Que dis-je ? Ils sont éteints, et l'éclipse est entière.
Y pensés-vous, monsieur ? Quel démon envieux
Lui répondis-je alors, a fasciné vos yeux ?
Les beaux-arts autrefois n'étaient-ils pas esclaves
Des tyrans odieux qui forgeaient nos entraves ?
N'étaient-ils pas soumis à leurs bizarres loix ?
Ne les a-t-on pas vus aux caprices des rois
Prostituer ensemble et leurs soins et leurs veilles
Et profaner ainsi les plus rares merveilles ?
Ce Quinaut, dont l'Europe admire les doux sons,
Déifiait Louis dans ses molles chansons.
Louis, de Fénelon persécuteur infâme,
Qui prit un vain orgueil pour la grandeur de l'âme,
Et qui de ses sujets oppresseur et bourreau,
Sur des tas de lauriers éleva leur tombeau.
Louis, de Despréaux déshonora les pages
Et de Molière même il souilla les ouvrages ;
Que dis-je ! Il est par-tout, et le marbre et l'airain ;
Multipliant Louis, du peuple souverain
N'ont-ils pas mille fois insulté la puissance ?
Ce cardinal altier, qui régna sur la France,
Et qui méconnaissant les plus augustes lois
Du peuple dans sa main rassembla tous les droits,
Est-ce pour protéger les talens, le génie
Que jadis il fonda la docte Académie ?
Non, ce grand Richelieu de nos jours bafoué
Par quarante flatteurs voulut être loué ;
Il y réussit trop : leur encens inodore
De ses tristes vapeurs infecte l'air encore…
Comme tout est changé depuis l'heureux moment,
Où de vivre sans rois le peuple a fait serment !
Comme la vérité succède à l'imposture !
Voyés de toute part l'antique agriculture
Agrandir son domaine et rentrer dans les champs,
Que de Plutus sur elle usurpaient les enfants.
Voyés tous ces jardins, tous ces parcs infertiles
Plantés d'arbres, de fleurs pompeusement stériles
Offrir comme autrefois, agréables vergers,
Un bercail aux troupeaux, un asyle aux bergers,
Et sur un sol heureux accélérant l'automne,
Joindre aux dons de Cérès les présents de Pomone.
Un monstre, nommé Fisc, du sage laboureur
Dévorait les travaux et buvait la sueur,
Ce monstre a disparu : le laboureur tranquille
Ne voit plus s'attrouper autour de son asyle,
Ces animaux rongeurs qui, sortis des forêts,
Consommaient à l'envi l'espoir de ses guérets.
Il dirige à son gré les eaux de ses prairies,
Greffe des arbrisseaux sur les ondes taries ;
Fait paître des brebis où nageaient les poissons
Et du sein des marais fait sortir des moissons.
Voyés, voyés encor la fière architecture
Suivre dans ses progrès la simple agriculture :
Ce n'est plus le tombeau d'un ministre inhumain
Où d'un prêtre menteur que façonne sa main,
Ce n'est plus un palais, plus un dôme superbe
Pour loger d'un tyran le fils encore imberbe,
Non, tous républicains nos Vitruves nouveaux
S'honorent par le choix de leurs mâles travaux.
Ici, d'un pritanée aux lois servant de temple,
Que du peuple déjà l'œil admire et contemple
Le compas à la main ils tracent le contour ;
Plus loin, sans craindre Rome et sa pieuse cour
Du Panthéon Français ennoblissant l'usage
De l'immortel Soufflot
Ils y préparent l'urne, asyle des vertus
Ou bientôt revivront nos modernes Brutus,
Et déjà s'élevant sur des palmes civiques
Les mânes de Rousseau planent sous ses portiques.
Voyés, voyés sur-tout ce Louvre où tant de fois
Un peuple esclave encor vint adorer ses rois ;
Allés-y contempler les nombreuses merveilles
Qui du grand Raphaël ont illustré les veilles ;
Et qui de tous côtés attirent les regards,
Voyés y rassemblés les chefs-d'œuvres épars
De l'Albane, du guide et du brillant Corrège
Dont les tendres amours composent le cortège.
Quelle ville a jamais réuni sur ses bords
De plus riches dépôts, de plus rares trésors ?
Serait-ce Herculanum qui gît encor sous l'herbe ?
La pompeuse Milan ? Florence la superbe ?
Serait-ce Rome enfin ? Rome, à la vérité,
Vit jadis en ses murs naître la liberté ;
Mais aux genoux d'un prêtre elle rampe en esclave,
Et Paris maintenant voit son joug et le brave.
Les arts n'habitent point où des tyrans sacrés
Par un peuple avili veulent être adorés ;
Paris n'a plus de rois, la liberté s'y fonde,
Paris doit l'emporter sur le reste du monde ;
Paris l'emportera… Ce Musée enchanteur,
Où par-tout resplendit le génie inventeur,
Voit d'élèves nombreux une troupe hardie,
Qui, les crayons en main, nuit et jour s étudie
À marcher sur les pas des maîtres immortels :
Elle s'occupe moins à parer les autels
Des emblèmes pieux qu'à Rome l'on révère,
Son génie est armé d'un style plus sévère,
La révolution a taillé ses pinceaux
Et c'est la liberté qui vit dans ses tableaux.
Ici, des sénateurs
Sur la toile animé fait pâlir le coupable,
Qui lâche déserteur des lois de son pays
Osa les violer à d'autres lois soumis ;
Plus loin de nos guerriers retraçant la victoire,
S'élève un obélisque où respire leur gloire,
Et par-tout le burin l'aiguille ou le ciseau
Rendent au vrai courage un hommage nouveau.
Où courent ces enfans de Miron et d'Appelle ?
À de nouveaux lauriers Bénézech
Bénézech leur a dit : consacrés vos moments
À vous rendre immortels par de grands monumens ;
Qu'avec simplicité dans nos places publiques,
Ils s'élèvent vainqueurs des merveilles antiques ;
Qu'ils content notre histoire à la postérité,
Nos succès, nos revers, et que la liberté
S'y montre sans orgueil sur les débris des trônes,
Et foulant à ses pieds le sceptre et les couronnes,
Que le marbre en un mot, au sortir de vos mains,
Quoique silencieux parle à tous les humains.
Ce qu'a dit Bénézech ma muse le répète,
Et charmé des conseils du ministre poëte,
Je vous dirai : monsieur, consacrés vos momens
À vous rendre immortel par de grands monumens ;
Aux artistes français on ouvre la carrière,
Le signal est donné : partés de la barrière
Et courant avec eux dans un sentier nouveau,
Dessinés un Franklin, modelés un Rousseau.
Du Thermidor sauveur retracés la peinture,
Calomnier les arts est l'art de l'imposture ;
Et cet art est facile. Osés par vos travaux,
Au lieu de les blâmer, surpasser vos rivaux ;
Et prouvés, aux talens devenu plus sensible,
Qu'à des républicains il n'est rien d'impossible.
On ne voit plus, dit-on, la faveur des Césars,
Comme autrefois à Rome encourager les arts.
Eh ! Pourquoi recueillir ces rumeurs mensongères ?
De nos droits reconquis les cinq dépositaires
N'ont-ils pas aux talens ouvert plus d'un sentier ?
Ils ont daigné sourire à mon calendrier
Au moment où Gracchus
De renverser les loix qui gouvernent la France,
Et tandis que leur bras arrêtait ses fureurs,
Ils rendaient à la vie un amant des Neuf Sœurs
Travaillés, mérités qu'au nom de la patrie
Ils accueillent un jour votre noble industrie,
Ce n'est que par les lois qu'ils prétendent régner,
Ce n'est que la vertu qu'ils veulent enseigner.
Elle marche modeste au milieu des extrêmes,
C'est elle dont la main tresse leurs diadèmes.
Mais j'ai beau vous prêcher, je vois dans vos regards
Que votre âme se plaît à déprimer les arts ;
Que vous ressemblés moins à Caton qu'à Zoïle.
Eh ! bien puisque je fais un sermon inutile,
Plus habile que moi Jean va me seconder,
Et pour la même cause il va soudain plaider ;
Jean viens à mon secours et terrasse l'envie…
Dans le sein des beaux-arts Jean a coulé sa vie ;
Il est sculpteur et peintre, et les fils d'Apollon
L'ont vu plus d'une fois dans le sacré vallon,
Se mêler à leurs jeux, partager leur délire,
Et les défier même au combat de la lire ;
Les presses de Didot, sous ses mains ont gémi
Il fut de cet artiste et l'élève et l'ami,
Dans la discussion le voilà qui s'embarque.
Monsieur Caton, dit-il à l'injuste Aristarque,
Vous souvient-il du temps où plongé dans les fers
L'art de l'imprimerie, art fléau des pervers,
N'osait lever qu'à peine un front pusillanime ;
La terreur comprimant son essor magnanime
Trop de fois, je l'avoue, arrêté dans son cours
À l'affreux despotisme il prêta son secours,
Trop de fois il servit la sombre intolérance,
Les superstitions filles de l'ignorance,
Et parut trop soumis aux chaînes du censeur ;
Quel dieu restitua ses ailes au penseur,
Et par d'heureux efforts rendit la presse libre ?
C est le peuple français, quand des peuples du Tibre,
Rival audacieux, il reconquit ses droits
Et tua les tyrans, pour n'obéir qu'aux lois.
Depuis cet heureux jour, du couchant à l'aurore
Combien de vérités ne voit-on pas éclore ?
L'instruction d'abord concentrée à Paris
Répandait ses clartés sur quelques beaux esprits,
Et semblait vouloir fuir le séjour des campagnes,
Les sciences enfin sont les douces compagnes
Du laboureur paisible et du simple berger :
Attentifs le matin aux soins de leur verger.
Ils regagnent le soir leur toit héréditaire,
Pour y lire des lois le code salutaire ;
Et là, rangés en cercle, à l'imberbe pasteur
Ils enseignent déjà l'art du législateur.
Le savoir aujourd'hui semblable à la lumière
Que répand le soleil dans sa vaste carrière,
De toutes parts éclate, et luit de tout côté ;
L'homme libre s'instruit, l'esclave est hébété,
Et pour tenir la terre à son joug asservie
L'ignorance fit pacte avec la tyrannie.
L'ignorance pâlit au seul nom des Français,
Et contemple en fureur nos rapides succès,
En pourriez-vous douter ? Courez à ces spectacles
Où les muses jadis étalaient leurs miracles ;
Là, Thalie en riant, vient couronner de fleurs
La liberté sacrée, idole de nos cœurs ;
Et Melpomène encore y fait verser des larmes.
Que dis-je ? Elle s'y montre avec de nouveaux charmes
Les Gracchus de Chénier
Et Legouvé finit le portrait de Néron,
Portrait qui, réchauffant l'amour de la patrie,
Dans toute sa laideur offre la tyrannie.
Par mille visions le roi Georges conduit,
Va coucher au Betlam que lui-même a construit,
Et la papesse Jeanne accouche en plein théâtre ;
Le Vaudeville même avec un air folâtre
Des peuples opprimés chante gaiement les droits,
Et fait rire aux dépens des prêtres et des rois,
Tyrans qui comprimaient sa douce fantaisie.
Amante des beaux vers, sœur de la poésie
La musique à son tour, par ses mâles accens,
Est-elle parvenue à réveiller vos sens ?
Vous ne répondez pas, un orgueilleux sourire
Sur vos lèvres errant, dit plus qu'il n'en veut dire.
Eh ! bien ouvrez l'oreille aux modernes concerts
Dont les républicains font retentir les airs.
Quel pouvoir n'ont-ils pas sur mon âme enchantée ?
L'hymne des Marseillais vaut tous ceux de Tirtée
Et des sons de Gossec quand il est revêtu,
Quel tyran sous ses traits n'est-il pas abattu ?
Orphée ainsi jadis subjugua le Cocite.
C'est l'histoire sur-tout, c'est l'art du grand Tacite,
Qui changeant de couleurs va changer de pinceaux ?
Tout un peuple debout !… Quel champ pour ses tableaux ?
Desale, entends mes vœux
Suivant la liberté dans sa course orageuse
Est digne de la peindre et de la faire aimer.
Tu vis d'un saint courroux tout le peuple s'armer,
Tu vis naître et fleurir les lois républicaines ;
Laisse Barthélemi ressusciter Athènes,
Athènes est dans Paris : d'un peuple tout nouveau
Peins les nouvelles mœurs, et qu'à ce grand tableau
Le Français admirant la muse qui te guide,
Reconnaisse à la fois Plutarque et Thucydide ;
Plutarque a raconté les faits de ses ayeux,
Tu vis le peuple agir, le peuple est sous tes yeux.
Je ne vous parle point de l'art des Démosthènes,
Art qui brilla long-temps dans Rome et dans Athènes,
Et qui toujours en France, esclave de nos rois,
N'osant aux plus cruels faire entendre sa voix
Ne put entre eux et nous rétablir l'équilibre ;
Il n'est des orateurs que chez un peuple libre :
Le trône des tyrans en France est renversé,
Le peuple est maître enfin, et leur règne est passé.
Comptez aussi, comptez les orateurs sublimes
Qu'arma la liberté de fureurs légitimes,
Et qui de Démosthènes, intrépides rivaux,
Ont glacé de terreur les Philippes nouveaux ;
Entendez-les tonner du haut de la tribune,
S'y presser à la voix de la mère commune,
Et pour la soutenir, variant leurs couleurs,
Y prodiguer ensemble et la foudre et les fleurs ;
Vingt siècles ont produit deux orateurs célèbres,
Que de noms tout à coup sont sortis des ténèbres,
Quand le Sénat français, trois fois renouvelé,
Par les ordres du peuple à Paris assemblé
A fait voir, déployant sa grandeur infinie,
Le génie étonné de l'aspect du génie.
Des traîtres, je l'avoue, amis secrets des rois
Ont long-temps retardé le triomphe des lois :
Ils ont mis à leur place une terreur funeste ;
Mais le peuple est sauvé, la justice lui reste ;
La justice à la fin succède à la terreur,
Le soleil des beaux-arts à la nuit de l'erreur ;
Et je vois revenir dans la nouvelle Athènes
La muse qui jadis inspira Démosthènes.
Et comment l'éloquence, arrachée au tombeau,
Verrait-elle aujourd'hui s'éteindre son flambeau ?
Un peuple est-il muet ou froid en son langage
Quand il sort des liens d'un honteux esclavage
Et quand, pour affermir sa chère liberté
Il faut combattre encor, vaincre de tout côté ;
Quand il faut démasquer le pontife de Rome
Et propager partout les droits sacrés de l'homme ?
Autrefois, il est vrai, dans un pieux sermon,
Un prêtre enseignait l'art de vaincre le démon ;
Et dans une oraison, qu'on appelait funèbre
Il exaltait le vice, et le rendait célèbre.
La chaire eut des Fléchiers, le barreau des Cochins.
Fléchier peuplait les cieux de saintes et de saints,
Et le moindre avocat, pour la moindre parole,
Faisait à ses clients payer une pistole ;
C'était un doux métier : mais ces grands orateurs,
Du peuple froids amis, des rois lâches flatteurs,
Du vaisseau de l'État empêchant le naufrage,
Savoient-ils conjurer ou prévoir un orage ?
Savaient-ils étouffer l'hydre des factions ?
Décerner un salaire aux grandes actions ?
Mettre à l'ordre du jour les mœurs et la justice?
Du perfide étranger confondre la malice ?
Régnaient-ils par la loi ? Ce n'est que d'aujourd'hui
Que l'art de l'orateur aux vertus sert d'appui ;
Qu'il règle des Français les hautes destinées,
Et qu'il jette à leurs pieds les têtes couronnées.
Vous disiés tout à l'heure, en dépit du bon sens,
La révolution a tué les talens ;
Elle a tué les sots, mais non pas le génie ;
L'ignorance est passée avec la tyrannie,
Et de la liberté le flambeau radieux,
Va sans les éblouir éclairer tous les yeux.
Oseront-ils encor, les modernes Vandales,
Des temples ruinés étaler les scandales ?
Grégoire les attend : au sein de la terreur ;
Grégoire a noblement repoussé leur fureur.
Qu'ils tremblent ! Imitant le Dieu de la lumière,
Il garde à ces Pitons une flèche dernière.
Qu'ils tremblent ! Désaudrai
Est prêt à seconder ses efforts généreux,
Auprès de ce Lycée on vit l'intolérance
Élever des autels où siégeait l'ignorance.
Il les a mis en poudre et le palais des arts,
Grâce à lui désormais ne court plus de hasards.
À cet aven naïf, monsieur Caton s'irrite,
Il veut par de grands mois nous prouver son mérite,
Il commence un discours tout rempli de Phébus,
Pensés-vous nous tromper ? lui répondis-je, abus.
Sur le progrès des arts que tout Paris admire,
Quand votre esprit malin cherche à nous contredire.
Vous manqués de sagesse, et du fameux Caton
Assés imprudemment vous avés pris le nom ;
Caton fut toujours vrai, vous prêchés le mensonge,
Un peu d'envie aussi dans vos erreurs vous plonge.
Et s'il faut en ce jour ne vous rien déguiser
Vous ne tarderés pas à vous débaptiser,
Jean pense mieux que vous : il ignore l'envie,
Il adore à la fois, les arts et la patrie ;
Il l'a prouvé sur l'heure à son triste rival…
Jean tu seras inscrit dans mon procès-verbal.