Réduction de Lyon (La)
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Paratexte
Ode
Texte
Enfin cette cité rebelle,
Monument des plus grands forfaits ;
De son audace criminelle
A senti les justes effets.
Long-temps la foudre suspendue
Avant d'éclater dans la nue,
Balança son destin… Non, peuple, arrête : non ;
Trop indigne de la clémence,
Sous le glaive de la vengeance,
Elle préfère encor la révolte au pardon.
Foyers de mort, bouches tonnantes,
Lancez, prodiguez le trépas !
Que sur des ruines fumantes
La révolte tombe en éclats.
Accourez, transports légitimes,
Saintes fureurs, frappez les crimes,
Renversez, détruisez ce repaire odieux ;
Et puissent à jamais les ombres,
Parmi le sang et les décombres,
Couvrir une cité qui fit horreur aux cieux.
Que vois-je ! Quelle horreur subite
Émeut ces vastes bataillons ?
Déjà les rebelles en fuite
Ont déserté leurs bastions.
De feux l'air vomit un déluge :
Où vont-ils trouver un refuge ?
La terre est enflammée… Effrayés, éperdus,
Du fleuve ils cherchent le rivage,
Mais quel tumulte et quel carnage !
Partout la mort s'étend sur leurs rangs confondus.
Soldats, achevons leur défaite,
Pressons cet ennemi tremblant ;
Faites briller la baïonnette,
Tirez le glaive étincelant.
Soudain nos légions pressées,
Sur les redoutes reversées,
Immolent par le fer leurs derniers ennemis ;
Sur les restes de ces cohortes,
Franchissez les fossés, les portes,
La liberté commande, et Lyon est soumis.
Lyon, cité long-temps superbe,
Lyon, fière enfant de Lugdus,
La France verra donc sous l'herbe
Vieillir tes remparts abattus ;
Comment ! Tu l'avais osé croire,
Que, sous l'aile de la victoire,
Tu braverais, toi seule, et le peuple et les lois ?
Perfides, sachez que la France
Combat avec même assurance
Les villes en révolte et le courroux des rois.
Toi, d'un tyran la fille antique,
Avais-tu de la république
Connu la sainte égalité ?
Ô délire ! À ton origine
Les feux de la guerre intestine
Devaient rendre un éclat trop long-temps regretté :
Tu luttais avec la patrie :
Après trente siècles de vie,
Meurs, péris dans l'opprobre et sans postérité.
Tels sur le sommet des montagnes
On voit des rochers orgueilleux,
Dédaignant les humbles campagnes,
S'élever, fiers rivaux des cieux.
Sans doute leurs superbes cimes
Sont encor des restes sublimes
De ces monts entassés par la main des Titans :
Ils osent défier la foudre ;
Un éclair les réduit en poudre,
Et l'air dissipe au loin ces fardeaux insultans.