Romance d'un détenu à la Conciergerie sous la tirannie de Robespierre

Auteur(s)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Sixains d'octosyllabes en rimes croisées avec refrain

Paratexte

Texte

Musique de L'Élu

Entens ma voix finis mes maux
Reçois bienfaisante Nature
Au sein de l'éternel repos
Ton innocente créature.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Dans l'épaisseur des noirs cachots,
Où m'a plongé la tyrannie
Dois-je attendre que des bourreaux
Viennent finir ma triste vie ?
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

L'airain gémissant dans les airs,
Vient de marquer nos tristes heures,
Soulevant le poids de mes fers.
Je veille seul en ces demeures.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Je vois je compte en pâlissant
Toutes ces couches funéraires,
Je suis comme un fantôme errans
Dans la poudre des cimetières.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Souvent des présages affreux
Pénétrant ces voûtes funèbres,
Glacent le cœur des malheureux
Qui s'agitent dans les ténèbres.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Des chiens par de longs hurlemens
Des cachots rompant le silence
Nous annoncent que nos tyrans
Demain frapperont l'innocence.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Le sinistre oiseau de la nuit
Ne va porter son triste augure
Qu'aux toits où le mourant languit
Redemandé par la Nature.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Je suis comme un agneau tremblant
Ravi soudain à la prairie
Et que sur le pavé sanglant
On entraîne à la boucherie.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Quels cris arrivent jusqu'à moi ?
Une voix éclate et s'arrête
Un songe suivi de l'effroi
Vient de planer sur quelque tête.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).

Hélas c'est un infortuné,
Dont l'épouse a cessé de vivre
Comme elle au glaive destiné
Consoles-toi tu vas la suivre.
Pour ne plus voir tant de forfaits
Mes yeux fermés vous à jamais (bis).