Stances contre l'athéisme

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes croisées

Paratexte

Chantées à la section des Tuileries le 20 germinal et le lendemain au théâtre du Vaudeville

Texte

Air : du Vaudeville de l'Isle des Femmes

Les vertus à l'ordre du jour
Chassent l'intrigue ténébreuse ;
Les vertus veulent tour à tour 
Rendre la République heureuse.
Si l'Être suprême à nos loix
A daigné présider lui-même,
Citoyens, sans aller aux voix,
Proclamons donc l'Être suprême.

Vainement l'athée aura fui
Derrière une épaisse cabale :
On va descendre malgré lui
Dans sa conscience immorale ;
Et de ses plans épouvanté,
Chacun aisément verra comme
Il voiloit la Divinité,
Pour mieux voiler les Droits de l'Homme :

Il se peut qu'en républicain,
Égaré par un vain sophisme,
Se penche, sans mauvais dessein ;
Sur le gouffre de l'athéisme ;
Mais la Raison doit nous crier,
Pour le remettre en équilibre :
« Tu n'es pas libre d'oublier
Celui qui t'a fait naître libre ».

Quel temple pourroit le borner,
Quand toujours il nous environne ?
Et que pourrions-nous lui donner
Qu'avant lui-même il ne nous donne ?
Montrons-nous donc reconnaissans.
Du bienfait de notre existence ;
Les vertus sont le seul encens
Qui soit digne de sa puissance.

Incrédules qui voudriez
Voir l'Être suprême et l'entendre,
Avec des mœurs vous le pourriez ;
Mais aux champs il faudroit vous rendre.
Tête à tête avec une fleur,
C'est là qu'au bord d'une onde pure
On entend un Dieu dans son cœur,
Comme le voit dans la Nature.