Stances à l'Être suprême

Année de composition

s.d.

Genre poétique

Description

Quatrains d'octosyllabes en rimes croisées

Mots-clés

Paratexte

Texte

Sors de ce temple, aveugle erreur,
Rentre dans ta prison profonde ;
L'homme, des préjugés vainqueur,
Le consacre à l'auteur du monde.

Quand je veux peindre un de ses traits,
Ah ! Je sens ma faiblesse extrême ;
Il me suffit ; à ses bienfaits
Je reconnais l'Être suprême.

Isolé, je touche au néant,
Sans l'appui de la providence ;
Mais avec lui, que je suis grand !
Que je chéris mon existence !

Le fleuve, le simple ruisseau,
Le chêne altier, la fleur champêtre,
L'aigle fier, l'humble vermisseau,
Grand Dieu, tout nous prouve ton être.

Éternel, par quelqu'accident
Si ce spectacle qui m'enflamme
M'était ravi, le sentiment
Le retrouverait dans mon âme.

Détaché des terrestres lieux,
Sur les ailes de la pensée
Je franchis l'espace ; et les cieux
M'ouvrent leur enceinte sacrée.

Là, je le vois grand, généreux,
Et souvent oubliant son foudre;
Il ne veut que nous rendre heureux,
Et non pas nous réduire en poudre.

Être suprême, sans ta loi
La vertu n'est qu'une chimère ;
Mais elle devient avec toi,
Belle, sublime et nécessaire.

Des imans t'offrent à nos yeux
Vindicatif, cruel, volage ;
Croient-ils donc qu'on t'aimerait mieux
En te faisant à leur image ?

Vérité, mère du bonheur,
Pour connaître ta source pure,
Il faut adorer ton auteur ;
Il est l'âme de la Nature.

 
 

Sources



MUTEL DE BOUCHEVILLE Jacques-François, Poésies diverses, Paris, Guilleminet libraire, 1807, tome 1, p. 217.