Sur la fête des sans-culottes, substituée à celle des Rois par un arrêté du Corps municipal
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Paratexte
Texte
Air : La chanson (bis) que chantait Lisette
Loin ce régime intolérable,
Qu'on appelle la royauté ;
Abolissons-le ; même à table,
La table aime l'Égalité.
Pour qu'un banquet soit agréable,
Il y faut être en liberté.
Plus de rois, ce sont des despotes ;
Ne fêtons (bis) que les sans-culottes.
Rois par la fève ou la naissance,
Rois du Nord & de l'Orient,
Du peuple ayez la confiance,
Ou vous tombez dans le néant ;
Votre fable est passée en France,
Au vent de son souffle puissant.
Vous, vos cohortes & vos flottes,
Qu'êtes-vous (bis) sans les sans-culottes ?
Chez les Hébreux & dans la Grèce,
La philosophie & le Ciel
Avaient proscrit, dans leur sagesse,
Votre joug superbe & cruel.
Vit-on naître dans la noblesse
Socrate ou l'oint de l'Éternel ?
Sots à rubans, sots à calottes,
C'étaient là (bis) de vrais sans-culottes.
Vils contempteurs des Droits de l'Homme,
Tombez Stuart, Capet, Tarquin.
Français ! Ne va pas faire comme
À Londres, où l'on reprit le frein
Ah ! N'imites pas même Rome,
Au fanatisme trop enclin ;
Quitte les clameurs idiotes ;
Le roi boit (bis) boit aux sans-culottes.
Citoyens, chantons à la ronde
Le vin, nos amours & nos lois.
En dépit de l'orgueil qui gronde,
Le plaisir est un de nos droits.
La plus belle moitié du monde
Nous venge du dédain des rois.
Femmes de Cour, jeunes dévotes,
Sont tout bas (bis) pour les sans-culottes.
Qu'une belle, ici, nous préside,
Par choix & non plus par hasard ;
Qu'à sa voix le front se déride ;
Qu'on boive à l'ordre d'un regard,
C'est notre égale qui décide ;
La morgue au décret n'a point part.
Simplesse[sic] sied aux patriotes,
Puisqu'elle est (bis) dans les sans-culottes.