Sur la plantation de l'arbre de la Liberté dans la citadelle de Lille

Auteur(s)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes terminés par un hexasyllabe en rimes croisées

Paratexte

Texte

Air : De la Montagne

À peine de ses feux naissans
Le soleil ranime la terre ;
Liberté ! Tu vois tes enfans
Se réunir près de leur mère ;
Autour de ces rameaux sacrés,
Dont leurs mains te font une offrande,
Leurs cœurs, de plaisir enivrés,
Forment une guirlande. (bis)

Dans un temple grand, fastueux,
Jadis était un sanctuaire ;
C'est là qu'on recelait des dieux
Pétris d'une pâte légère ;
Et de parfums & de présens,
En vain on chargeait ces idoles,
Les prêtres leur laissaient l'encens,
Et gardaient les pistoles. (bis)

Un temple plus majestueux
Succède à ces amas de pierres ;
Entre nous & les vastes Cieux,
Il n'existe plus de barrières.
Liberté ! C'est là désormais
Que nous recevrons tes oracles ;
Dans le cœur de tout bon Français
Seront tes tabernacles. (bis)

Loin de toi ces vains ornemens,
Qu'on prodiguait à l'imposture ;
Reçois des mains de tes enfans,
Cet arbre enfant de la Nature :
Puisse-t-il, aux cœurs innocens,
Prêter son ombre hospitalière !
Et qu'à son aspect les tyrans
Rentrent dans la poussière. (bis)

Symbole de nos grands destins,
Couvre-toi d'un épais feuillage :
Que jamais de profanes mains
N'osent captiver ton branchage ;
Du faible, contre l'homme altier,
Sois désormais le Capitole,
Tes rameaux vont se propager
De l'un à l'autre pôle. (bis)

Oiseaux, contre vos oppresseurs,
Venez-y chercher un asyle,
Et goûter en paix les douceurs
D'une vie heureuse & tranquille ;
Modèle des cœurs amoureux,
Accours, aimable tourterelle ;
Reprends-y des chants plus joyeux,
Plaintive Philomèle. (bis)

 
 

Sources

Almanach des Grâces pour la IIIe année républicaine, Paris, Cailleau, 1795, p. 84-86.