Temps présent (Le)
Auteur(s)
Texte
Air : On doit soixante mille francs
Le Français si charmant jadis,
A fait fuir les jeux et les ris,
C'est ce qui me désole ;
Mais il est inconstant, léger,
En un moment il peut changer,
C'est ce qui me console.
Que d'Orléans quitte Albion
Sans nous en dire la raison,
C'est ce qui me désole ;
Mais bientôt il aura raison
De retourner en Albion,
C'est ce qui me console.
Nous n'avons plus de grands auteurs
Pour célébrer nos sénateurs,
C'est ce qui me désole ;
Mais il nous reste Audoin, Augnat ;
Garat, Gorsas, Carra, Marat,
C'est ce qui me console.
Ainsi qu'un criminel d'État,
On veut traiter l'ami Marat,
C'est ce qui me désole ;
Mais il ne forge des écrits
Qu'afin de ne point faire pis,
C'est ce qui me console.
On nous dit que les ennemis
Veulent entrer dans ce pays,
C'est ce qui me désole ;
Mais nous avons pour défenseurs
De la Bastille les vainqueurs,
C'est ce qui me console.
Tous les jours de nouveaux écrits
L'on est inondé dans Paris,
C'est ce qui me désole ;
De ces écrits qu'on ne lit point
On peut se servir au besoin,
C'est ce qui me console.