Vers contre les nouvelles coiffures
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Paratexte
Texte
Lise, pourquoi tous ces apprêts ?
Les pompons, les colifichets
Dont tu composes ta coiffure,
Lise, pour toi ne sont pas faits :
L'art ne t'embellira jamais,
Comme la main de la Nature.
Ce n'est qu'en lui faisant injure,
Que tu nous caches tes attraits
Sous une factice parure.
Laisse plutôt à ta ceinture
Flotter, sous nos yeux satisfaits,
Les boucles de ta chevelure ;
Orne-la de quelques bouquets
Que l'amour aura tout exprès
Cueillis pour toi sur la verdure.
À la beauté naïve et pure,
Un rien donne tant d'agréments !
Une fleur, un nœud de rubans
Suffit aux grâces pour coiffure.
Ainsi dans ses yeux innocents,
La jeune et timide bergère,
S'en va guettant sur la fougère
Les premiers boutons du printemps ;
Un bouquet cueilli dans les champs
Lui sied si bien ! Elle en est fière.
Cette parure printanière,
Aux yeux de ses tendres amants,
Vient embellir ses dix-huit ans,
Et la leur rendre encore plus chère.
Lise, c'est la mode à Cythère ;
Une rose y fait les honneurs
De la toilette de Glicère ;
Et sur la tête de sa mère,
L'Amour n'arrange que des fleurs.
Aux pressants désirs de nos cœurs,
Lise, cesse d'être contraire ;
Quitte ces voiles imposteurs
Qui dérobent à la lumière
Les attraits les plus séducteurs :
Imite, crois-moi, la bergère
Dans sa parure et dans ses jeux ;
L'art fut fait pour tromper les yeux :
C'est la beauté qui sait nous plaire.