Ô, des vertus et du courage
Asile saint, temple éternel,
Qui retentiras d'âge en âge
De leur souvenir solemnel,
Toi, qui de mes braves cohortes
Aux siècles transmets les exploits,
Ô Panthéon ! Ouvre tes portes,
Que ta voûte réponde aux accens de ma voix !

Entends la voix de la Patrie ;
Oui c'est moi qui viens en ce jour,
À la plus sublime énergie,
Payer le plus juste retour :
C'est moi ; c'est ma reconnaissance
Qui vient honorer mes enfans,
Ô jour de bonheur pour la France !
Jour d'immortalité pour tes représentans !

Réponds, dictateur parricide,
Quels sont tes sinistres projets ?
Tu disais, dans ton cœur avide :
Bientôt ils seront mes sujets.
La terreur sera ma couronne,
Mon sceptre la faulx de la mort ;
Des cadavres seront mon trône,
Et le sang, dans mon âme éteindra le remord…

Mais le volcan de la Montagne
Bouillonne et gronde sous tes pas :
La menace en vain t'accompagne,
Elle est l'arrêt de ton trépas.
Vas, traître, avec tes complices,
Vas expier tous tes forfaits.
Est-il d'assez cruels supplices
Pour venger tous les maux que les monstres m'ont faits ?

Ils se flattaient, les misérables !
Que le masque de la vertu
Couvrirait leurs traits effroyables ;
Leurs traits et leurs cœurs sont à nu :
Qu'ils sont hideux ! Quel assemblage
De bassesse et d'atrocité !
La vertu seule a du courage :
Mais le crime pour sœur n'a que la lâcheté !

C'est trop long-tems peindre le crime ;
Prenons de plus douces couleurs.
Toi, qu'ils désignaient pour victime,
Faible opprimé, sèches tes pleurs.
Sortez de votre léthargie,
Talens, vertus, humanité ;
Désormais, avec énergie,
Sachez garder vos droits et votre dignité !

Et vous, représentans fidelles,
Ô vous, mes chers libérateurs,
Soyez toujours les vrais modèles
Du patriotisme et des mœurs.
La République est affermie ;
La Liberté bénit vos coups ;
Vous avez sauvé la patrie,
Et du neuf thermidor l'honneur est tout à vous.