À la louange des héros de la Liberté

Auteur(s)

Année de composition

1791

Genre poétique

Description

Alexandrins en rimes plates

Musique

Paratexte

Texte

Comme j'allois un jour dans le sacré vallon
Suivant des doctes sœurs les divines leçons :
La tendre Uranie m'élevant sur ses ailes
Vers l'Olympe céleste par des routes nouvelles
Des Cieux en un instant traversant la carrière
Du temple d'Apollon m'ouvrit le sanctuaire.
Sur un trône de lumière placé au haut des vües
J'entendois les Nymphes, les Grâces ingénües
Célébrer à l'envi d'une voix mélodieuse
De nos jeunes héros l'ardeur belliqueuse.
Le fils de Polymnie, Pan lui-même prit sa lyre :
À ses tendres accords les Déesses applaudirent.
Pan trouva le premier cet art ingénieux
De former sur la flûte un son mélodieux.
Dans ses vers sublimes le Dieu de l'harmonie
Chantoit la Liberté, l'amour de Patrie :
Il peignoit les succès de nos braves guerriers ;
Paroissoit un héros tout couvert de lauriers
Conduisant à la gloire leurs phalanges rapides :
Son exemple impérieux rend les cœurs intrépides :
Le brave Dumouriez, notre armée formidable
Presse partout l'ennemi, le foudroie et l'accable.
Brillant comme l'éclair, au fort de la tempête,
Il vole aux premiers rangs, il s'avance à la tête :
Il combat, on le voit, il force le destin ;
La foudre est dans ses yeux, la mort est dans ses mains.
D'un air plus grand encore le Dieu de l'Arcadie
De l'intrépide Custine peint ensuite le génie :
Arbitre du destin, arbitre des combats
Au milieu des périls Pallas conduit ses pas.
Sa valeur souveraine commande à la victoire
Sur ses drapeaux reposent les ailes de la gloire
Et vous vertueux Biron égal à vos ayeux
Où l'honneur vous appelle suivez leurs pas fameux,
Héritier de leur nom, héritier de leur gloire,
Vos hauts faits font revivre l'éclat de leurs victoires.
Généraux fils de Mars, vos noms toujours chéris
Dérobés aux ténèbres de l'éternelle nuit,
Déposés à jamais au registre des âges
Offriront de la gloire les plus nobles images
Et jusqu'au fonds des cœurs attendris et confus
Iront chercher l'honneur, éveiller les vertus.
Sur sa lyre brillante l'éloquent demi-Dieu
Célèbre Beurnonville, ses exploits glorieux.
Capitaine, politique, une heureuse industrie
Le rend dans tous les postes utiles à la patrie :
Au fort de la mêlée sous l'œil de la victoire
Tu marchois à grands pas au sentier de la gloire
Posté au ministère par un cri unanime
Élèves-toi au dessus de cet emploi sublime.
César suivant le cour des ses glorieux destins,
Par ses nombreux triomphes effraya les humains.
Il est pour le sage de plus doux monumens
On peut par diverses voies aller aux premiers rangs.
La fortune quelquefois fait le guerrier heureux
La gloire est toute entière au ministre généreux.
Étendre sur tous les soins d'une sage providence,
Au milieu des (?) entretenir l'abondance ;
Justement éloigné de tout art despotique
Faire fleurir au dessus la liberté publique ;
Par un génie profond, en ressources fertile
Être tout à la fois Périclès et Achille :
Il n'est plus de degré qui conduise à la gloire.
Ce caractère sublime est rare dans l'histoire
Le vainqueur d'Annibal, l'honneur du nom romain
Qui sauva sa patrie d'un naufrage certain,
Par un accord illustre, au courage héroïque
Unissant les vertus d'un sage politique
Courut avec succès cette double carrière
Et de ce champ d'honneur sut ouvrir la barrière.
Au bien de son pays consacrant ses travaux
On le vit pour la gloire dédaigner le repos
La poësie éprise de ses rares merveilles
Se plus à lui offrir le tribut de ses veilles.
Décrivant ses vertus dignes des premiers âges
Plus d'un auteur (?) dans ses pieux hommages
Lui marqua même rang parmi les immortels.
Un encens légitime fuma sur ses autels.
Suis ses traces il est temps que nos vœux se consomment
On s'égare rarement sur les pas des grands hommes.
D'un peuple magnanime viens remplir les souhaits
Par plus d'un sacrifice il seconde tes projets.
Aux campagnes belgiques conçues par ta valeur
Joins la gloire d'un ministre aux titres d'un vainqueur.

Le sage, le citoyen vertueux en accordant
Au mérite d'autrui un juste tribut d'éloges
Ne devroit point penser à lui-même, son encens
En seroit plus pur et plus désintéressé.

 
 

Sources

AN, F17 1004B.