Montagne abattue (La)

Auteur(s)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes croisées

Paratexte

Texte

Air : Des petits Montagnards

Qu'a-t-elle fait, cette Montagne,
Qu'on exaltait tant dans Paris ?
D'elle, a sorti, dans la campagne,
Un vent qui troubla les esprits ; (bis)
Par elle le sang des victimes
Coula par flots sur nos remparts ;
Puisqu'on a reconnu leurs crimes,
Crions : À bas les Montagnards ! (bis)

Comme Caïn, par jalousie,
A fait périr son frère Abel,
Ces faux amis de la patrie
Élevaient la tour de Babel ;
Le sang du peuple et sa misère
Protégeaient ces malins renards ;
Mais leurs projets sont en poussière ;
Crions : À bas les Montagnards !

Pour primer sur toute la France,
Discréditant les assignats ;
Leur perfide correspondance
Excitait des assassinats.
Nous avons trouvé dans la Plaine,
Non des crapauds, mais des lézards[1],
Qui, comme nous, fuyant la chaîne,
Ont mis à bas les Montagnards.

S'il se trouve de bonnes plantes
Parmi les autres, sur le mont,
Qu'on les distingue des méchantes,
Quelque jour elles serviront.
Des mauvaises, formons des gerbes ;
Les éloignant de nos regards ;
Conservons les meilleures herbes !
Mettant à bas les Montagnards.

Peuple, ne sois plus idolâtre,
Ni trop bon, mais sois toujours franc !
L'homme noir ou l'homme mulâtre,
On te fait croire qu'il est blanc ;
Tu peux dire avec assurance
De ces affronteurs de hasards :
La Montagne a trompé la France :
Mettons à bas les Montagnards !

Français, si vous voulez m'en croire,
Ne souffrons jamais deux Sénats :
L'un ou l'autre veut la victoire,
Rien n'avance dans leurs débats.
Pendant que sans cesse on dispute,
Le bien du peuple a des retards.
La Montagne a fait la culbute :
N'écoutons plus les Montagnards !

  1. ^ Le lézard est l'ami de l'homme