Piété filiale (La)
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Mots-clés
Paratexte
Vaudeville républicain
Texte
Air : Vaudeville de l'officier de fortune
Ô vous qui tenez l'existence
De deux époux qui ne font qu'un,
Des auteurs de votre naissance,
Faîtes le bonheur en commun :
Alors que les rameaux s'élancent
Du tronc qui sert à les nourrir,
Sur sa tête ils ne se balancent
Que pour l'orner et le couvrir.
Nous n'avons pu, dans notre enfance,
Compter les baisers maternels,
Ni pendant notre adolescence,
Calculer les soins paternels :
Mais la raison, mais la sagesse
Nous démontrent qu'à notre tour,
Nous devons beaucoup de tendresse
À qui nous donna tant d'amour.
Est-ce son père qu'on respecte ?
Est-ce sa mère qu'on chérit ?
Cette controverse suspecte
Ne se juge point par l'esprit.
Père et mère nous ont fait naître,
Et leurs droits à nos sentiments
Sont tels qu'entr'eux le cœur semble être
Comme un fer entre deux aimants.
Républicain, puisque notre âme
S'anime encor par des tableaux,
Vois Énée à travers la flamme,
Portant son père sur son dos.
Approche aussi, républicaine ;
Un bel exemple t'est donné :
Contemple une beauté romaine
Allaitant son père enchaîné.
Tôt ou tard il faut qu'on l'endure
Ce jour, le plus affreux de tous,
Où nos parents, par la Nature,
Sont moissonnés auprès de nous :
Mais telle est la douleur secrète
D'un fils sensible et généreux,
Que, même en mourant, il regrette
De n'avoir pu mourir pour eux.
Si la loi juive, un peu grossière,
Autrefois nous disait crûment :
« Honore ton père et ta mère,
Afin de vivre longuement. »
Voici désormais la manière
Dont nous changerons ce discours :
« Aime ton père, aime ta mère,
Afin de prolonger leurs jours. »