Prise de la Bastille (La)

Auteur(s)

Année de composition

1790

Genre poétique

Description

Paratexte

Hiérodrame tiré des livres sains, suivi du cantique, en actions de grâces, Te Deum laudamus.

Texte

L'ouverture exprime la tranquillité publique ; elle est troublée par un citoyen qui vient annoncer au peuple l'exil d'un ministre qui avoit sa confiance.

Un citoyen :

Populi lugete… & gaudium vestrum convertatum in mærorem (Jac, IV, 9) Peuples, gémissez & que votre joye se change en tristesse.

Le peuple :

Quare ? Pourquoi ?

Le citoyen :

Protector noster abest. Notre protecteur est éloigné.

Chœur du peuple :

Heu nobis miseris ! Deus ! (Psalm., CXIX, 5) Malheureux que nous sommes ! Dieu !

(Le tocsin se fait entendre)

Les femmes :

Respice super nos & super filios nostros.  (Psalm., CXIII, 13) Jettez un œil compatissant sur nous & nos enfans.

Tous ensemble :

O Deus ! Adjuva nos. (Ps., LXXVIII, 9) Ô Dieu ! Secourez-nous.

Le citoyen :

Confortamini & bellate. (1 Reg., IV, 9) Vos enim ad libertatem vocati estis. (Gal., V, 3). Gladium evaginaverunt inimici… ut dejiciant pauperem & inopem… gladiuis eorum intret in corda ipsorum. (Ps. XXXVI, 14-15). Reprenez courage & combattez car vous êtes appellés à la liberté. Nos ennemis ont tiré le glaive pour détruire le foible & l'indigent : que leur glaive entre dans leur propre cœur.

Chœur en coryphée :

Le citoyen :

Apprehendite arma. (Ps., XXXIV, 2) Accingite gladium. (Ps., XLIV, 4) Debellemus potentes. Prenez les armes, armez-vous du glaive & combattons les puissans.

Le chœur :

Apprehendamus arma. (Ps., XXXIV, 2) Accingite gladium. (Ps., XLIV, 4) Debellemus potentes. Prenons les armes, armons-nous du glaive &
combattons les puissans.

Le citoyen et le chœur :

Erubescant & conturbentur… Inimici nostri. (Ps., VI, 11) Et fugiant, & pereant. (Ps., LXVII, 1-2) Que nos ennemis rougissent & qu'ils soient dissipés. Qu'ils fuyent & qu'ils périssent.

Chœur des femmes :

O Deus ! Adjuva nos. (Ps., LXXVIII, 9) Ô Dieu ! Secourez-nous.

Le citoyen :

Dominus… reprobat consilia Principum. (Ps., XXXII, 10) Curramus & eruamus arcem invisam. Deus pugnabit pro nobis. (Isaiæ, LI, 22) Vadamus. Le Seigneur rejette les conseils des Princes. Courons & détruisons cette odieuse forteresse. Dieu combattra pour nous. Marchons.

Marche militaire. Le peuple est arrivé aux pieds de la forteresse : le canon commence à tirer sur lui. On bat la charge. Les coups de canon redoublent. Pendant le siège le peuple s'écrie.

Chœur :

Corruat ædes servitutis. Porta ejus corruant. (Jer. XIV, 2) Qu'il s'écroule l'asyle de l'esclavage. Que ses portes soient briſées.

Une explosion totale de l'orchestre exprime la chute du pont-levis. Le peuple s'écrie.

Chœur :

Triumphamus. Victoire ! Victoire !

La trompette guerrière se fait entendre, ainsi que les plaintes des mourants & des blessés.

Chœur général :

Vivat Lex & Libertas. Vivat Rex. (3 Reg, I, 25) Vive la Loi & la Liberté. Vive le Roi.

Le citoyen :

Expulsi sunt (inimici) nec potuerunt stare. (Ps. XXXV, 13) Et erunt opprobrium in gentibus. (Judith, IV, 10) Populi, laudate Deum. (Psal., CXVI, 1) Nos ennemis sont fugitifs, ils n'ont pu nous résister ; & ils seront en opprobre parmi les nations. Peuples, louez Dieu.

Le chœur :

Te Deum laudamus, &c. Ô Dieu, nous te louons, &c.

 

                                                                                                   

 

Version reprise et modifiée pour la fête du 14 juillet 1794 :

 

Hiérodrame de Désaugiers Père

Une ouverture d'un genre qui exprime la joye et l'espérance que la Révolution commencée donne au peuple. Un citoyen survient.

Le coryphée :

Citoyens, suspendez vos fêtes.
Vous êtes entourés de pièges, de forfaits.

Le peuple :

Parlez.

Le coryphée :

Les feux, les fers, les tyrans sont tout prêts.
De vos représentants ils menacent les têtes.

Le chœur :

Tyran féroce ! Affreux courroux !
Ô Ciel ! Écarte les tempêtes
Qui s'élèvent sur nous.
Dieu juste ! Protège nous.

(Le tocsin se fait entendre)

Le coryphée :

Sonnez l'allarme,
Que chaucun s'arme,
Détruisez ces fiers oppresseurs.

Le peuple :

Que chacun s'arme,
Sonnons l'allarme,
Détruisons ces fiers oppresseurs.

Les femmes :

Dieu juste ! Conduis nos deffenseurs.

Les hommes :

Dieu juste ! Guide nos bras vengeurs.

Le coryphée et le chœur :

Que le trouble et l'effroi dispersent
Nos cruels ennemis,
Que notre force les renverse
Qu'ils soient anéantis
Qu'ils périssent,
Qu'ils frémissent.

Les femmes :

Dieu juste ! Entends nos cris.

Le chœur du 1er acte d'Armide :

Poursuivons jusqu'au trépas
L'ennemi qui nous offense
Qu'il n'échappe pas
À notre vengeance.

(Marche militaire. Le peuple se met en marche et arrive au pied de la Bastille. Le canon de la forteresse se fait entendre)

Chœur :

Détruisons ces remparts affreux,
Renversons ces murs ténébreux.
Que sur leurs débris écroulés
Tous les traîtres soient immolés.

(Le siège commence. La musique exprime le tumulte, les cris, et le désordre résultant d'une attaque réciproque. Une explosion de l'orchestre annonce la chute du pont-levis.

Le peuple :

Victoire ! Victoire !
Salut et gloire
Ô patrie, ô Liberté !

On chantera à la suite l'air Ça ira.