Ciega la Fama pregono los hechos
Del joven Macedon, que hollo trianfante
Del Persa debil y del Indio incauto
Las immensas regiones ;
Mas la veraz y justiciera Historia
Al par de sus blasones
Representa su orgullo delirante,
Su barbara crueldad y desenfreno ;
Y su indebida gloria
Para siempre anublara,
Si en las tristes cautivas no acatara
Las sacrosantas leyes del decoro.
Que es el valor, quando atropella altive
La Humanidad, sino brutal fiereza,
Que al hombre atigra, y de su ser escelso
Lo apea con baldon ? … De esa impuresa
Tu alma sublime esenta
A la Razon austera se presenta,
Heroe invencible, que el infame yuga
A estrellar del Oriente avarallado
El pielago surcaste denodado.
No veis el suelo augusto
De Memfis sabir, que yacia esteril
Baxo el dominio injusto
Del indomito y torpe Mameluco,
Reir a tu presencia ?
No veis brotar el arbol de la ciencia,
Y henchido ufano contemplar el Nilo
La inexhausta opulencia
Que sus fertiles campos atesoran ?
Hijos de Apolo, entretexed guirnaldas
En la sien del benefico guerrero
Que con su heroyca mano
Also a vuestro caudillo, el gran Mantuano,
Un escelso perpetuo monumento,
Para que esté inflamando
Con noble emulacion vuestro talento.
Y osaba todavia
La envidiosa frenotica Ignorancia
Ansiar que tanta gloria sepultada
Quedara en los desiertos arenosos
De la Siria abrasada ? …
Su anhelo impuro se exhaló burlada
Como el logro sonado
Bel soez avariento
Que abrazaba un fantastico tesoro ;
Y el Héroe de las playas del Oriente
En alas de su zelo
Llega salvo á la tierra que llorosa
Le vio partir ; llega como valiente
Leona, que en la presa encarnizada.
Oye el quejido de su cria amada,
Corre al socorro, y con sangrienta muerta
Vengado deja el temerario insulto :
Asi, inmortal Caudillo, à tu venida,
La turba desbocada
De la infernal Discordia se estremece,
Se postra, se anonada ;
Ante la alma Victoria,
Que en su triunfal carroza conducida
De nuevo se aparece
A enramar de laureles tu memoria.
Guia á su sombra tu esforçada hueste,
Y a fin de entronizar durablemente
La Madre de la Dicha,
La paz celeste en los exhaustos pueblos
De la Europa doliente,
Aterra al turbador de su reposo,
Al Breton orgulloso ;
Y haz que ese inculto y despiadado Rusa,
Que á fuego y sangre dilatar queria
Su barbarie horrorosa
Hasta el suelo feliz del Mediodia,
Con fuga vergonzosa
Se oculte para siempre
En su région helada y tenebrosa.
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L'aveugle Renommée a rempli l'univers du nom de ce jeune Macédonien qui, abusant de la faiblesse des Perses, et de la sécurité de l'Indien, foula d'un pied triomphant leurs immenses contrées ; mais l'inflexible et véridique Histoire rétablit l'équilibre, en opposant à l'éclat de ses exploits son orgueil délirant, et les excès de son horrible cruauté : peut-être même le traiterait-elle d'usurpateur de la gloire, s'il n'eût respecté envers de malheureuses captives les lois sacrées de l'honneur.
Quel nom donner à la valeur, quand elle se joue de l'humanité ? N'est-ce point une férocité sauvage qui abaisse l'homme au niveau du tigre, et ravale ignominieusement l'excellence de son être ? … Ah ! Ton âme sublime se présente, devant l'austère Raison, exempte de ces honteuses souillures, invincible héros, qui forças les mers à t'ouvrir un hardi passage aux rives de l'Orient, que ta présence délivra de la plus humiliante servitude !
Vois-tu le sol auguste de la sage Memphis tressaillir à ton aspect, et secouer avec orgueil le joug barbare du Mameluck ignorant qui le condamnait à la stérilité ?
Vois-tu l'arbre de la science déployer ses rameaux fructueux, et le Nil, fier de son inépuisable abondance, sortir de son lit pour contempler la fécondité de ses bords ?
Fils d'Apollon, préparez des guirlandes pour ceindre le front du guerrier bienfesant dont la main se plut à honorer votre chef, le Poète de Mantoue, par un monument éternel, propre à enflammer vos cœurs d'une noble émulation.
Et l'implacable envie, et la frénétique ignorance ont osé marquer du tombeau de tant de gloire dans les sables brûlans de la Syrie ! Mais leur vœu insensé s'est évanoui comme le songe de l'avare qui embrassait dans son sommeil un trésor imaginaire ; et le héros, porté sur les ailes de la gloire, accourt des plaines de l'Orient, et apparaît soudain sur cette terre qui l'avait vu partir avec tant de regrets ; il apparaît telle qu'une lionne courageuse qui, tandis qu'elle déchirait une proie, entend les cris de sa famille chérie, vole à son secours, et la venge dans le sang d'une attaque téméraire.
Tu parais, immortel capitaine, et déjà l'infernale Discorde voit en frémissant ses plus intrépides soutiens abattus à tes pieds ; la Victoire couvre de lauriers ton char triomphal ; et la céleste paix assise à tes côtés promet aux peuples épuisés de l'Europe, l'abondance et le repos. Hâte-toi : frappe l'ennemi de la tranquillité des nations ; abats l'orgueilleux Breton, chasse le Russe barbare et impitoyable, qui voulait promener ses fureurs sur les belles contrées du Midi ; et que honteux de sa défaite il aille se cacher pour toujours sous les glaces de l'affreux pays qui l'a vu naître.
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