Suite de l'« Hymne des Versaillais », sur la vente des meubles du Palais national
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Paratexte
Texte
Voyez ces monumens d'un luxe asiatique ;
Ils attestent l'abus du pouvoir despotique.
Voyez briller par-tout ce métal détesté,
Si funeste à la Liberté.
Comparez cet orgueil, à l'affreuse misère
Que le pauvre opprimé souffroit dans sa chaumière,
Vous ne reconnoîtrez, en détestant les rois,
Que l'amour des vertus et l'empire des lois.
Du faste des tyrans le peuple étoit victime :
La vertu travailloit pour enrichir le crime.
Superbes ornemens, que vous avez coûté
Aux amis de la Liberté !
Sur l'or de ces tapis, sur chaque broderie,
Je crois voir ruisseler le sang de ma Patrie.
Oui, je ne reconnois, en détestant les rois,
Que l'amour des vertus et l'empire des lois.
Parfois fuyant leur cour, dans un riche hermitage,
Les rois cherchoient la paix, que l'on trouve au village.
Esclaves des grandeurs, ils n'ont jamais goûté
Les douceurs de la Liberté.
Rêveurs dans les plaisirs, et des remords victimes,
Ils cherchoient en secret le bonheur dans les crimes.
Oui, je ne reconnois, en détestant les rois,
Que l'amour des vertus et l'empire des lois.
On livre aux flammes les attributs de la féodalité.
Périssent les tyrans ! Périsse leur mémoire !
Attachons à leurs noms la flamme expiatoire :
Brûlons ces titres vains de féodalité,
En l'honneur de la Liberté.
Prompt à nous imiter, que l'univers apprenne
Qu'enfin libres, heureux, sur les bords de la Seine,
Nous ne reconnoissons, en détestant les rois,
Que l'amour des vertus et l'empire des lois.
Aux mânes des défenseurs de la Patrie.
Héros, qui conservez sur le sombre rivage,
La haine pour les rois, l'horreur pour l'esclavage,
Votre cœur est encor de plaisir transporté,
Aux accens de la Liberté.
Brutus, Scœvole, Horace et le sage d'Utique,
Se mêlent avec vous en chantant ce cantique ;
Nous ne reconnoissons, en détestant les rois,
Que l'amour des vertus et l'empire des lois.