Trois couleurs, ou Bouquet à Claudine (Les)
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Paratexte
Texte
Tombez, à peine ouverts encore,
Lilas, qui de Junon parfumez les bosquets ;
Lys fastueux, pompeux œillets,
Tombez, et des jardins passez dans les palais.
Je ne demande rien à Flore ;
Je ne veux rien que de Cérès.
Sous un chapeau de violettes,
Phébus, galant berger, fit oublier Palès.
Chassé du ciel, pour ses bienfaits,
De trèfle, en s'égayant, il para maints corsets,
Et, de festons de pâquerettes,
Il vit orner ses flageolets.
Eh ! Que m'importe un lourd parterre,
Si touffu que l'aurore y voit tarir ses pleurs !
Ai-je besoin de tant de fleurs ?
Non, non, j'en trouve assez chez nos bons laboureurs :
J'y vois sourire ma bergère
À mes bouquets de trois couleurs.
Naissez, empressez-vous d'éclore,
Ponceaux éblouissants et célestes bleuets ;
Joints à l'albâtre des muguets,
Du beau sein de Vénus vous avez les attraits :
Il est blanc, l'azur le décore,
Le carmin brille aux deux sommets.
Oni, de la nymphe que j'adore,
Fleurs des champs, vous flattez, vous comblez les souhaits.
Prés ondoyants et gazons frais,
C'est par goût qu'elle accepte et porte vos bouquets.
Donne, dit-elle, hier encore ;
J'y vois les couleurs des Français.